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Il faut des « agents de liaison »

Dans notre « Réseau Ambition Réussite », nous avons choisi de ne pas faire intervenir les professeurs référents dans les écoles de manière à leur attribuer à chacun, au collège, un niveau. À charge dès lors au professeur référent « sixième » de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la liaison entre premier et second degré et d’y trouver sa place, sans en détourner pour autant ses collègues. Dans un premier temps, il participe en juin à la réunion de transmission des informations sur les futurs sixièmes, joue un rôle actif lors de la constitution des classes et établit un lien avec les professeurs principaux dès la rentrée, afin que ces derniers connaissent le profil de leurs élèves ainsi que les PPRE et suivis déjà mis en place, etc. Cette « liaison » entre les personnes a permis de revaloriser l’implication des collègues du premier degré qui avaient trop souvent l’impression de compléter livrets de compétences et fiches « navettes » à seule fin de garnir les dossiers scolaires. Dans un second temps, il exploite les données recueillies lors des évaluations nationales d’entrée en sixième, des conseils de classe, ou encore des commissions éducatives, des réunions de suivi, pour mettre en œuvre des actions en faveur de la réussite des élèves (élaboration de PPRE avec les équipes, création de groupes de remise à niveau, mise en place de suivis individuels par des assistants pédagogiques, etc.). Ce suivi « de terrain » permet une grande réactivité. Il a notamment favorisé, dès la deuxième année du réseau, la création et la mise en place d’une progression méthodologique destinée aux heures d’ATP (Aide au Travail Personnel) afin que les élèves arrivant au collège trouvent rapidement des repères en classe et hors classe ; ou encore la mise en place de formations à destination des collègues permettant l’introduction du jeu et des TICE dans les pratiques pédagogiques. Dans un troisième temps, il fait le bilan des différentes actions menées auprès des élèves et transmet ses conclusions et propositions au professeur référent du niveau « cinquième », ce qui engendre un gain de temps non négligeable.

Un axe essentiel de travail concernant la liaison CM2-6e a été enfin d’améliorer la qualité des relations — trop souvent mises à mal par les nombreux mouvements liés à l’éducation prioritaire — entre professeurs des premier et second degrés, de manière à améliorer l’image de l’établissement auprès des parents d’élèves et ainsi des élèves eux-mêmes. Quoi de plus anxiogène en effet pour un élève de CM2 que d’aller vers l’inconnu sans être vraiment rassuré par les adultes sur ce qui l’attend ? Les interventions dans les écoles sont à cet effet pour notre établissement non seulement l’occasion de présenter ses classes à projets pour l’ensemble du niveau sixième, ses moyens, mais aussi d’apporter des réponses aux inquiétudes, de mettre des visages sur des noms, de présenter de futurs interlocuteurs. Cela permet en outre aux professeurs des écoles d’apprendre à connaître les équipes et de conseiller en toute connaissance de cause les parents sur les choix à opérer pour leur enfant. Ce travail est relayé en fin d’année grâce aux journées d’inscription en sixième lors desquelles les locaux et travaux d’élèves sont également présentés. Les journées de liaison inter-degrés quant à elles se sont longtemps soldées par un franc mécontentement de part et d’autre de l’assemblée, chacun se rejetant la responsabilité des piètres résultats aux évaluations d’entrée en sixième d’une part et ceux du brevet d’autre part. Il devenait donc urgent d’opter pour une formule de travail collaboratif. Une première piste a été suivie : celle de la création d’outils destinés à permettre une meilleure continuité entre école et collège (vocabulaire et « code couleur » communs, affichages dans les salles, etc). Puis, suite à une formation des professeurs référents RAR lors de laquelle M. Maroufi, professeur de mathématiques au collège Guy Maréchal d’Amiens, présentait le cahier de vacances qu’il propose aux élèves des classes de CM2 dans lesquelles il intervient, une seconde piste de travail a été esquissée. Décision fut prise de créer le « cahier d’entrée au collège » du RAR Baumont, cahier comprenant deux parties : français et mathématiques, entièrement conçues par les professeurs de sixième des matières concernées en partenariat avec les professeurs des écoles et les professeurs référents, après un échange sur les items les plus « chutés » aux évaluations à l’entrée en sixième, ceux des nouvelles évaluations de CM2, ainsi que sur les manuels employés dans les écoles et au collège. Un travail commun pour des élèves communs qui devrait être étendu l’année prochaine à l’équipe d’anglais.

Tout cela accompagne de nombreux projets menés de concert à l’école et au collège, en particulier un projet « EPS-santé-citoyenneté ». Le travail entourant le cap de l’entrée au collège paraît en somme polymorphe, en permanente évolution et surtout à adapter aux besoins particuliers des établissements et des élèves. Favorisé par la mise en place de réseaux, ce cap ne saurait être envisagé selon le seul point de vue du second degré mais bel et bien dans une dynamique d’échanges, de communication, de connaissance mutuelle et de (re) connaissance des élèves. C’est à cette seule condition que l’on peut espérer parler de « continuité ».

Aurélie Santerre, professeur référent en Réseau Ambition Réussite à Beauvais (Oise).