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Hommage à Charb
Jean-Michel Zakhartchouk et moi étions alors tous deux rédacteurs en chef des Cahiers pédagogiques. Charb nous a fait sa première couverture pour le n° 367-68 (ci-contre) dans laquelle il montrait déjà une fine compréhension des problèmes scolaires. Ici, pour l’apprentissage de la socialisation, il indiquait que l’injonction magistrale à être citoyen ne suffit pas, mais qu’il fallait vivre la citoyenneté en classe, dans l’école. L’élève prend alors le maitre au mot : « Chiche ! » À l’inverse donc de ce qui se pratiquait alors, par exemple, en instruction civique. Faut-il voir une terrible coïncidence du hasard ? Charb dessina en juin 1999 la couverture du 375 sur la violence… C’est en 1999 qu’il nous a fait sa première École de Charb, ensuite toujours remise gratuitement jusqu’en janvier 2015. L’enfant cagoulé de 1999, présent dans la page de droite, aurait-il grandi jusqu’à devenir son assassin ? N’oublions donc pas que « le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde » (Bertolt Brecht).
Je l’avais interviewé en 2013. Pour retracer son parcours d’élève et de dessinateur, il avait gentiment joué le jeu du « Je me souviens… » : « Ce qui me plaisait, je crois que c’était écrire, raconter, dessiner déjà aussi. Ça venait naturellement. C’était normal pour moi de dessiner. Ça a commencé en maternelle, comme ça. Et puis je suis devenu plus assidu en 4e, dans le journal du collège. Là, j’ai compris que j’étais capable de raconter des choses aux autres, mais pas seulement à mes copains de classe sur un petit papier qui circulait dans la classe, non. Je pouvais partager des idées bien plus largement. D’ailleurs, c’est à ce moment-là que j’ai rencontré les Cahiers pédagogiques, puisque la responsable du journal, Sylvie Premisler, en faisait partie. »
Il avait aussi joué le jeu du « Si je vous donnais la possibilité d’apprendre une chose dans l’instant ? » : « J’aurais envie de parler d’autres langues. De parler arabe par exemple, j’aime beaucoup les pays du Moyen-Orient et l’écriture est proche du dessin. »
Et il avait même joué au jeu du « Fromage ou dessert ? » : « Choisir entre dessiner et écrire ? Je ne le pourrais pas. Dessiner, j’y passe le plus gros de mon temps, mais écrire me change les idées quand j’ai trop dessiné et dessiner me change les idées quand j’ai trop écrit. La différence, c’est que le texte est toujours pris au premier degré et comme sérieux. Le dessin, lui, est perçu par l’extérieur de manière moins violente, son côté clownesque fait que le second degré est bien mieux accepté. » Comme aurait dit Brassens, hélas, « la suite lui prouva que non ».
Les dessins qu’il a faits pour nous, dessins à pouffer, à poil à gratter ou à pincer, vous pouvez les reprendre et les afficher librement dans vos salles des professeurs et des maitres, ou les glisser à vos étudiants ou vos élèves. Indiquez simplement que Charb les a offerts aux Cahiers pédagogiques. On y tient. Nous garderons ainsi notre Charb à la boutonnière et sa dérision en « pensée de derrière ».
Article paru dans notre n°519, A l’école du théâtre, coordonné par Nathalie et Yannick Bineau, février 2015.
u’est-ce que les élèves apprennent avec le théâtre, de l’école à l’université, dans toutes les disciplines ? Sans se limiter au théâtre pour lui-même, ni aux liens étroits qu’il entretient avec la langue et la littérature, dans quel but et comment travailler avec le théâtre pour optimiser les apprentissages de tous les élèves ?
https://librairie.cahiers-pedagogiques.com/revue/571-a-l-ecole-du-theatre.html