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« Faire lire ensemble » : Le Brésil au cœur des disciplines
Le projet est né d’un Défi-lecture que j’ai lancé avec six classes de 5ème et quatre enseignants de français. Il s’agit maintenant d’un classique en matière d’animation lecture qui vise à susciter la lecture sous forme de jeu : les élèves, par équipe, s’affrontent en répondant à des questionnaires élaborés sur les livres. Cependant, il est possible de varier la forme : l’informatique est le support des questions ; des temps établis au CDI (salle multimédia) sont pris sur des heures de français pour compléter les questionnaires. Le fond peut aussi revêtir un caractère particulier : les documents choisis traitent d’un sujet à savoir le Brésil.
Cette activité est vraiment le fruit d’une collaboration étroite entre la documentaliste et les enseignants. Avant le lancement du défi : lecture et choix des romans pour l’une ; préparation des questionnaires pour les autres. Mais aussi pendant l’activité : accueil des groupes au CDI par l’une ; suivi des lectures par les autres. Puis après l’animation : correction des questionnaires d’un côté ; prise en compte de l’évaluation dans la note de français de l’autre côté. Peu de réunions jalonnent ce parcours car l’essentiel du travail se fait de façon autonome par chaque intervenant. Je reste le fil conducteur et de brefs échanges au CDI ou en salle des professeurs suffisent à la mise en place du projet : rappel des dates, compte-rendu du travail des élèves au CDI, avancement des lectures…
Pour clôturer le défi-lecture, nous recevons un auteur jeunesse qui vient au collège rencontrer les classes participantes. Je prends les contacts et j’organise sa venue mais c’est le professeur qui, avec sa classe, prépare l’intervention (lectures d’extraits et de la biographie de l’écrivain puis rédaction de questions à poser). Il s’agit d’un écrivain dont l’ouvrage a été sélectionné pour le défi et qui connaît bien le pays, le thème traité. Béatrice Tanaka, franco-brésilienne et auteure et illustratrice de contes brésiliens est intervenue en avril au collège.
Le défi a une spécificité : les ouvrages sélectionnés sont un lien avec un thème ; cette année le Brésil, l’année dernière le désert , l’année d’avant l’Inde. Les sujets choisis sont au programme de la classe de 5ème en géographie et peuvent donc être traités dans cette discipline mais aussi dans d’autres. D’où l’idée d’en faire un projet d’année interdisciplinaire dont le point final serait le Printemps du Livre, salon littéraire organisé dans notre ville. Cette manifestation de grande ampleur, se déroule généralement en avril ou mai à Montaigu et donne une valeur ajoutée au travail fait par les élèves au collège.
Le Brésil a donc été l’objet d’un travail interdisciplinaire tout au long de l’année avec pour objectif la présentation de productions d’élèves sur le stand du collège au Printemps du Livre. Ainsi, des élèves de 5ème ont préparé des panneaux ainsi qu’un jeu « devine le Brésil » en IDD après des recherches au CDI sur le pays. En français, des classes de 5ème ont crée des poèmes ; d’autres ont réalisé un journal de bord et un récit de voyage. Des élèves ont confectionné avec le professeur d’arts plastiques des oeuvres directement inspirées du visuel de Béatrice Tanaka. Le professeur de sciences physiques, quant à lui, a mis au point une expérience sur l’effet de serre pendant qu’en SVT des lotos, des patchwork et des schémas sur la faune et la flore du Brésil ont été constitués.
Quels avantages ce travail d’équipe a-t-il apporté aux élèves ?
En premier lieu, il favorise la lecture et le goût de s’informer sur le pays : des connaissances multiples et transversales sur le Brésil ont été acquises. L’élève qui est au centre du projet, donne un sens à ce qu’il apprend. L’ouverture sur le monde, sur une autre culture était aussi l’objectif visé et je pense, en partie atteint. Faire reculer les préjugés et développer une prise de conscience des réalités économiques et sociales participe à l’éducation citoyenne que chacun d’entre nous doit transmettre. Enfin, le Printemps du Livre valorise le travail effectué et donne une dimension au projet.
Il ne s’agit pas de donner une vision idyllique du travail en équipe car tous les enseignants n’ont pas participé à ce projet mais ne vaut-il pas mieux collaborer avec des personnes volontaires réellement motivées plutôt que de contraindre ? Le travail en concertation est exigeant car il demande temps, respect des idées de chacun, liberté d’action dans un champ donné. Le rôle du responsable du projet n’est pas toujours évident puisqu’il faut disposer de temps pour l’organisation et la coordination et surtout, il nécessite d’user de diplomatie puisqu’il faut que l’enseignant y trouve son compte pour qu’il s’implique. Ainsi, savoir écouter l’avis de chacun, expliquer, fédérer et laisser une part de liberté s’avère primordial pour aboutir. En conclusion, ce partenariat documentaliste – enseignants est fructueux et enrichissant car ces derniers souhaitent toujours renouveler le projet et apprécient cette façon de fonctionner ; de plus, il suscite d’autres pistes pédagogiques pour préparer ensemble d’autres séances au CDI.
Lucile Sire, documentaliste Collège privé Villebois-Mareuil.
Photo : Lucile Sire
Photo : Lucile Sire