Écho du débat F. Dubet – F. Cros

Le 31 janvier, François Dubet débat sur l’innovation avec Françoise Cros, tous deux connus de nos lecteurs. Un sujet qui nous concerne au plus haut point. Pour François Dubet, sociologue et coauteur récent de L’Hypocrisie scolaire, innover ne suffit pas, car le noyau dur ne bouge pas. Innover peut même être un alibi. Aujourd’hui, il est urgent que le pouvoir politique redéfinisse les règles de fonctionnement de l’école qui doit se situer par rapport aux trois tendances qui existent et dont aucune ne peut nous satisfaire :
– la conception proprement réactionnaire du retour à « l’école républicaine » (élitiste)
– la conception libérale : laissons jouer la demande, celle-ci doit commander l’offre
– la conception « conservatrice » : il faut laisser l’école en l’état, mais seulement augmenter les moyens.

Nous sommes à un moment opportun pour le changement véritable : renouvellement massif du corps enseignant, période de « fin de crise », élection présidentielle. Le changement, ce serait de mettre fin au grand écart entre des règles universelles et une extrême diversité, pour ne pas dire anarchie, des pratiques.

F. Dubet plaide pour renforcer le rôle de l’État comme instance de contrôle et de fixation des règles, à côté d’une grande autonomie dans les moyens de parvenir aux finalités et donc de l’innovation.

Il convient d’interpeller les politiques et de lancer le débat sur la place publique.

Françoise Cros insiste, elle, sur le fait que les changements passent d’abord par la volonté des acteurs. Pour elle, le rôle moteur de l’innovation, sur le terrain, reste essentiel. Elle se méfie des injonctions venues d’en haut.

L’innovation empêche les blocages et les affrontements figés.

Opposition entre deux points de vue ? Ou plutôt regards différents sur une réalité complexe et mouvante ? Voilà bien des thèmes familiers de nos lecteurs, sur lesquels il sera sans doute important de revenir…

Jean-Michel Zakhartchouk