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Chuuuuuut…

Et si, dans tout ce vacarme, on apprenait à se taire, pour mieux écouter ?

En ce moment, on parle beaucoup de signaux faibles, à propos du harcèlement scolaire, par exemple. On peut se demander s’ils ne sont pas, plutôt, des signaux forts qu’on n’arrive pas à entendre. Si un message n’arrive pas à passer, cela dépend parfois du récepteur, de son attention, de son état émotionnel, de sa fatigue physique, de ses biais cognitifs. Comme pour le phénomène #Metoo, peut-être que des langues se délient, mais pour que ça fonctionne, il faut aussi que des oreilles s’ouvrent !

Que donnerait une répartition par groupes de niveau ?

Niveau 1 : une classe d’individus qui ne s’écoutent pas du tout. On imagine tout de suite la richesse des échanges, le niveau de bazar potentiel, et les enseignants qui se battent pour avoir cette classe.

Niveau 2 : un début d’écoute, mais uniquement pour confirmer ce qu’on pensait déjà. On progresse, les orifices sont ouverts, mais les représentations de chacun se croisent sans se rencontrer.

Niveau 3 : on arrive sur une écoute factuelle. Je perçois l’autre comme potentiellement porteur d’informations qui pourraient m’intéresser.

On peut alors imaginer une classe qui commence à voir l’intérêt d’un grand troc d’informations, de pratiques, de techniques. Un début de flexibilité intellectuelle qui permet les premiers échanges.

Niveau 4 : une écoute empathique qui permet de comprendre ce que l’autre ressent et de le respecter sans condition. Une écoute qu’on offre à l’autre, une écoute émotionnelle sans chercher à fournir de solution. Comme quelqu’un tiendrait la corde pour un ou une autre qui part explorer un gouffre personne. La classe devient limite ennuyante.

Niveau 5 : une écoute générative, c’est-à-dire une écoute au cours de laquelle je me laisse transformer par l’autre et ce qu’il ou elle apporte. Une écoute réciproque, qui permet de produire plus que ce que les deux personnes apportaient au départ.

L’élite ne serait alors plus la première à tweeter sur X, mais la première à écouter.

Gwenael Le Guével

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