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Apprendre au XXIe siècle
Science-fiction hier, réalité aujourd’hui : les machines sont plus fortes que l’Homme dans bien des domaines, des échecs aux sciences, du calcul à la mémorisation. Alors que l’intelligence artificielle croît de façon exponentielle, nos manières d’apprendre et d’enseigner évoluent trop lentement. Or, de toute évidence, « on n’apprendra pas au XXIe siècle comme au cours des siècles précédents », même si certaines méthodes anciennes ont fait leurs preuves et restent pertinentes.
Comment transformer efficacement le système éducatif pour qu’il soit complémentaire, et non concurrent, des nouvelles technologies ? C’est la question sur laquelle s’est penché François Taddei, microbiologiste chercheur à l’Inserm et fondateur du CRI (Centre de recherches interdisciplinaires). La clé réside dans le collectif : c’est en unissant les intelligences, celles des êtres vivants et celles des machines, que l’on pourra peut-être voir apparaître « un monde meilleur », où « le progrès sera au service de l’humain et de la nature ». Du moins est-ce l’espoir qui ressort de sa réflexion, et sous réserve que l’on ne perde pas de vue la question éthique.
L’évolution du système éducatif passe naturellement par celle de la formation initiale et continue des enseignants. Encore faut-il vaincre les résistances, car les transitions sont toujours synonymes de conflits. L’auteur se veut rassurant : « L’évolution se fait dans la tension, et ce n’est pas grave ». Certaines croyances ont tout de même la peau dure. Non, « l’hypercompétition ne produit pas forcément les meilleurs » ! « Apprendre à poser les bonnes questions est préférable à emmagasiner des réponses toutes faites ». Encore faut-il pour cela que les élèves soient accompagnés par des professeurs mentors, à la fois savants, stimulants et bienveillants, qui leur proposent des projets collectifs, les aident à surmonter la peur de l’échec, et leur donnent le plaisir d’apprendre et de comprendre.
Car les enfants sont des acteurs de l’évolution d’apprentissage. C’est en libérant leur énergie créatrice qu’on leur permet de chercher, et donc de trouver. Et c’est là un enjeu crucial, car dans un monde où l’intelligence artificielle a réponse à tout, ou presque, la priorité n’est plus d’apprendre, mais d’apprendre à apprendre. De quoi pouvoir utiliser les nouveaux outils d’apprentissage (fablabs, serious games, etc.), régulièrement remplacés par de plus innovants.
L’objectif est donc de rendre l’apprentissage par la recherche accessible au plus grand nombre, et ce, grâce au numérique, qui permet de décloisonner le savoir. Nous formerons ainsi une société apprenante, c’est-à-dire « une société où les apprentissages des uns facilitent ceux des autres, car nous sommes des êtres sociaux qui partagent avec plaisir ce que nous avons appris ».
Avec la certitude que l’intelligence collective est plus forte que l’intelligence artificielle… à condition qu’elle soit éditorialisée. En effet, il ne s’agit pas simplement d’additionner des avis, mais de les organiser selon leur degré de pertinence, à l’instar de Wikipédia, qui « s’est imposée comme une des meilleures encyclopédies mondiales ». « Un grand service public de la connaissance et de la reconnaissance devrait y parvenir », estime François Taddei. Son ouvrage donne plusieurs pistes d’actions, appuyées d’exemples et d’anecdotes personnelles, pour y parvenir. Elles ont d’ailleurs été formalisées dans un rapport remis au gouvernement en avril 2018… La révolution de l’apprentissage serait-elle en marche ?
Natacha Lefauconnier