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André Ouzoulias, ou la conviction douce

Luc Cédelle

« J’ai fait la connaissance d’André Ouzoulias en 2006 au moment de la polémique sur la lecture autour de Gilles de Robiens. C’est à la fin d’une conférence de presse que nous nous sommes parlé. Il voulait attirer mon attention sur l’importance de la phonologie dans l’apprentissage de la lecture. Moi, je découvrais le problème.

J’aimais déjà son « look » qui lui ressemblait, original sans être outrancier. Un effet de style, avec ses bachantes, propre à agacer les bienpensants toutefois… Il est resté un interlocuteur précieux au cours des années suivantes dans mon travail de journaliste, même si je n’avais pas les moyens ni la prétention d’arbitrer sur ses désaccords, différences ou nuances avec d’autres spécialistes.

Je l’ai retrouvé avec plaisir au moment de la masterisation en 2009, où il était un des piliers de la coordination qui s’était formée pour défendre l’idée qu’ « enseigner est un métier qui s’apprend ». Nous avons pu poursuivre un dialogue qui, au même moment, était devenu impossible avec une partie du monde universitaire.

J’ai toujours apprécié la clarté de ses explications et son honnêteté intellectuelle. Il jouait franc-jeu. Et surtout toutes ses interventions étaient argumentées et étayées. Je suis toujours frustré que des gens comme lui ne soient pas assez considérés, pas assez reconnus par l’institution.

Plus récemment, je l’ai retrouvé sur le dossier de la formation des enseignants, qui lui tenait à coeur, qu’il sentait comme son dernier combat sans doute : il se savait très malade, en parlait ouvertement d’ailleurs, presque sereinement. Je l’ai contacté pour que nous écrivions un article sur le sujet pour mon blog. On y voit que ses propos ont gardé la même clarté et ses convictions la même ardeur.

Je garde de lui l’image d’une figure de l’école publique d’une profonde honnêteté et d’une patience infatigable pour expliquer les choses. Le tout sur un fond d’engagement total sensible, porté avec une grande douceur, jusqu’au ton de sa voix, en homme attentif et reposant.
Ce soir j’éprouve une grande tristesse : à force de le voir et de l’entendre survivre avec brio, j’espérais qu’on allait encore le garder longtemps. J’avais encore des questions à lui poser. »


Jean-Michel Zakhartchouk

« Je me souviens de son intervention vigoureuse à notre colloque « aider et accompagner les élèves » en 2010 à une table ronde où il savait à la fois preuve de sévérité pour le dispositif d’accompagnement à l’école primaire lancé par Darcos mais aussi de pragmatisme, énonçant des conditions pour que, malgré tout, on puisse faire intelligemment « avec ». J’aimais chez lui le fait que les convictions fortes n’empêchaient pas une attitude constructive faisant avec le réel…Et quelle finesse d’analyse concernant la lecture… »


Philippe Watrelot

« J’ai partagé bien des combats avec lui (notamment sur la formation des enseignants) et toujours apprécié son intelligence et sa gentillesse.
Pour lui rendre hommage, le mieux est d’aller relire son entretien (réalisé il y a quelques semaines) avec Luc Cédelle où il nous alertait sur les dangers du dispositif de formation qui se met en place. Non pas pour le plaisir de la critique mais de manière constructive avec l' »optimisme de l’action »… »