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L’essentiel de la pédagogie

Nous avons ici même parfois égratigné Alain Bentolila, dont nous n’avions pas spécialement apprécié les dernières publications et interventions. Mais ici, on ne peut que saluer la démarche consistant à demander à d’éminents spécialistes et experts de nous donner quelques clés pour entrer pleinement dans la pédagogie dans tous ses états. Cet ouvrage sera fort utile pour préparer un concours mais aussi pour réfléchir à ce que nous pouvons faire pour donner du sens et de l’efficacité aux pratiques d’enseignement.

Si le coordonnateur propose deux contributions autour de la lecture qui reprend nombre d’idées exposées ailleurs, l’ensemble est très pluriel, mais globalement s’inscrit dans un courant décrié par les « anti-pédagogistes » et présente une utile synthèse de savoirs sur l’enseignement qu’il est intéressant de retrouver ainsi sous une forme plutôt agréable et claire.

Ainsi, Serge Boimare expose sa conception du « nourrissage culturel » face au décrochage de ceux qui vivent la « peur d’apprendre ». Olivier Houdé montre en quoi les neurosciences et en particulier sa théorie de l’inhibition peuvent aider pour enseigner à l’école primaire. Viviane Bouysse explique comment, en même temps, l’école maternelle est particulière et école à part entière, à partir des excellents nouveaux programmes. Paul Benaych, inspecteur et chercheur, donne des exemples précis de pratiques permettant de différencier sa pédagogie tout en poursuivant des objectifs communs. Brigitte Marin, directrice d’une ESPE, balaie un tour d’horizon très complet sur la formation des enseignants qui doit articuler initiale et continue, s’appuyer sur la recherche et bien sûr partir de l’idée qu’enseigner « est un métier qui s’apprend ».

Dans les quatorze contributions de ce livre, on trouvera de nombreuses pistes d’action, des ouvertures, des résumés synthétiques dans un langage et une présentation toujours très clairs.

Et le texte initial de Philippe Meirieu situe cet ensemble dans un projet éducatif global, où il s’agit bien sûr de « transmettre », mais sans faire l’impasse sur les obstacles nombreux aujourd’hui (les dangers du « croire » face au « savoir », l’impulsivité quand il faut au contraire savoir « surseoir », la juste place de l’enfant pas toujours simple à trouver…) D’où l’importance du « moment pédagogique » condition nécessaire pour que la transmission culturelle pour tous ne soit pas un simple slogan hypocrite.

Bref, une belle introduction au métier d’enseignant, même s’il s’agit ensuite d’aller au-delà des consensus de façade et d’entrer dans un monde de controverses (et non de polémiques) auquel les acteurs de l’éducation sont trop peu habitués.

Jean-Michel Zakhartchouk