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Être à la hauteur

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Les Cahiers pédagogiques se sont intéressés depuis longtemps aux questions environnementales, depuis « l’étude du milieu » dans les années 50, jusqu’à des dossiers plus récents sur l’éducation au développement durable et deux ouvrages publiés en partenariat avec l’ex-Scérén (Canopé) sur le sujet[[Encore disponibles : Cahiers pédagogiques n° 405 en juin 2002, n° 278 en novembre 1989, et Marie-Christine Menneroux, Thierry Basley, avec la collaboration de Damien Reux, Éduquer au développement durable. Pratiques codisciplinaires et projets au collège et au lycée, Scérén, 2002.]].

Le présent dossier, lui, arrive à un moment crucial, où l’on ne parle plus seulement de développement durable, mais de cette grande transition écologique qui va bien au-delà de la « préservation de la nature ». Les auteurs nous invitent à aller plus loin que l’éducation à l’environnement, puisqu’ils proposent d’agir, de façon multiforme, au sein de l’institution scolaire ou à côté, pour permettre aux élèves de devenir des citoyens actifs et éclairés, engagés dans un combat qu’ils devront mener au cours de leur vie, où il s’agira non pas d’affronter la fin du monde mais de consentir à la fin d’un monde.

Ce dossier comporte trois parties, nourries de nombreuses contributions couvrant des angles très différents :

• réfléchir aux enjeux de cette éducation à l’environnement : il ne s’agit pas (seulement) de savoir écouter les chants d’oiseaux de plus en plus rares ou de bien gérer les déchets de son établissement, mais aussi de conjuguer « alerte sur les dangers » et « mobilisations dès le plus jeune âge autour d’une dimension nouvelle et décisive de la citoyenneté » ;

• intégrer à tous les programmes scolaires, au quotidien de l’enseignement, une vraie formation à l’environnement : cela passe à la fois par un ancrage dans les disciplines, par des projets interdisciplinaires, par l’acquisition de solides connaissances, par une considération de la nature dans la fragilité de ses équilibres, par des actions montrant l’intérêt des énergies renouvelables et par des prises de conscience des effets néfastes, par exemple d’un abus d’usage du numérique. Que seraient des « fondamentaux » qui ignoreraient cette nouvelle dimension aussi essentielle, qu’on ne peut réduire au simple respect d’autrui ?

• agir bien sûr, de la plus modeste action en faveur du recyclage jusqu’à des actions de plus grande ampleur (mesure de l’air en ville, mise en scène d’un spectacle autour du réchauffement climatique, stage pleine nature, etc.), et ce, de la maternelle à l’université.

Dans ce dossier, tous les niveaux et de nombreuses disciplines sont convoquées, avec une part importante pour l’enseignement agricole qui se trouve en première ligne. Nous sommes également allés voir du côté d’autres pays ou continents (Allemagne, Canada, Mexique, Inde). De nombreux partenaires de l’école se trouvent aussi évoqués, l’action environnementale ne pouvant se déployer dans le cadre trop étroit de la seule école, même si celle-ci doit avoir toute sa part.

Ce dossier en appellera d’autres, la question climatique devenant sans doute au fil des ans de plus en plus prioritaire. Espérons que la formation des enseignants suivra : celle-ci est encore trop peu présente dans ce numéro, car elle reste embryonnaire et pas suffisamment à la hauteur des urgences.

En somme, quand la maison monde brule, la maison école ne doit surtout pas regarder ailleurs.

Peggy Colcanap
Principale adjointe de collège à Paris

Jean-Michel Zakhartchouk
Professeur de français honoraire