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Revue de presse du 4 juillet 2021

Le dessin de Jules Thommen

 

Pour cette dernière revue de presse de l’année scolaire, nous vous offrons quatre mains. Pour les thèmes, même diversité :  de l’école post-covid, une réforme de la réforme du bac, Parcoursup, un tour dans le supérieur et plein d’informations diverses.


Post-covid ?

 

Agnès Florin, chercheuse au CREN à Nantes l’affirme dans le Café pédagogique : « Le Covid va laisser une trace durable « .
« Ce que nous avons observé en premier c’est qu’un pourcentage important de collégiens disent qu’un des leurs a été touché par le covid : environ 30% des jeunes. C’est très important. Et nous avons compris qu’il fallait comprendre cet impact au sens large. L’impact est souvent social : rapport au travail, inquiétude. Il dépend aussi des élèves car ils vivent dans des environnements différents. La crise sanitaire n’a pas eu le même impact auprès des élèves vivant dans de grands appartements ou dans des appartements surpeuplés. Les élèves dont le domicile a un jardin ou un balcon sont plus satisfaits. Les enfants dont le père s’est mis en télétravail aussi. »
et une remarque importante : « Ce que nous disent les jeunes à la sortie du premier confinement c’est que le bien être au collège est supérieur à celui de leur maison. Ils ressentent une meilleure atmosphère de travail au collège. »

 

Sur France Info jeudi, le ministre a fait l’unanimité dans la profession… contre lui ! Sur les rattrapages en collège et lycée post-covid, il affirme : « « On fera une inscription d’office à devoirs faits » pour les élèves de 6e qui ne seront « pas au niveau en français et en mathématique », a annoncé Jean-Michel Blanquer. Le dispositif restera sur la base du volontariat pour les autres élèves de cinquième, quatrième et troisième. « 

 

Une belle unité, bravo Monsieur le ministre !

 

Parimal Mandke raconte dans Marseille News « L’enseignement supérieur dans le monde post-Covid »
« Les étudiants se sont maintenant habitués à ce nouveau système d’éducation. Cela fait plus d’un an maintenant, et il est sûr de supposer que les méthodes d’étude traditionnelles devront arriver à un modèle mixte qui combine les meilleures caractéristiques des deux, l’apprentissage physique en classe et l’apprentissage numérique. La collaboration et la communication à distance entre les étudiants, les parents et les enseignants sont devenues un élément crucial pour ajouter de la valeur aux études, même lorsque les enfants ont été à la maison, loin du campus. Le besoin de l’heure est un écosystème complet qui est un mélange parfait d’outils et de technologies innovants pour l’enseignement-apprentissage combinés à des opportunités de socialisation entre pairs et avec les enseignants dans un cadre naturel physique. »

 


Réformer la réforme du bac

Les Echos ont titré dessus en premier « Bac : Blanquer s’apprête à renforcer le contrôle continu »
Le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, doit proposer ce lundi des aménagements à sa réforme du bac. La mise en place envisagée du contrôle continu intégral, avec la disparition des épreuves communes, provoque déjà une vive colère de certains syndicats.

Sur le site du ministère : Ajustements proposés pour le baccalauréat général et technologique à compter de la session 2022

Une annonce qui suscite de nombreuses réactions :

Marianne lance un débat entre Emmanuel Maurel et Pierre Mathiot sur « Rupture d’égalité ou revalorisation : le contrôle continu menace-t-il le bac ? »
Un extrait assez singulier au vu des études déjà anciennes sur la docimologie « Même quand on n’était pas un très bon élève, on avait sa chance à l’examen et on avait la garantie que la notation au bac serait de la pure égalité.  » selon Emmanuel Maurel. Citons un travail de Bruno Suchaut déjà en 2008 sur les notes du bac : »La loterie des notes au bac : un réexamen de l’arbitraire de la notation des élèves »

Jean-Robert Pitte signe une tribune dans Le Figaro : « Bac: «Un rite qui n’a plus de sens va disparaître à terme… et tant mieux! »
“Il faut saluer la réforme du bac, examen dévalué de longue date, explique le secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques, Jean-Robert Pitte.” Il ajoute « La crise sanitaire aura paradoxalement permis à Jean-Michel Blanquer d’entreprendre une réforme profonde du baccalauréat. » et pour bien enfoncer le clou du bac qui n’a plus de valeur : « Ce sésame dont le prestige était resté intact et l’obtention aussi difficile qu’émouvante depuis sa fondation par Napoléon en 1808 jusqu’aux environs de 1968, n’avait aujourd’hui plus rien de méritoire. » Evidemment, Monsieur Pitte, a passé son bac avant 1968, je vous rassure.

Dans Mediapart, Faïza Zerouala considère que le Contrôle continu au bac [est] l’injustice chronique de Blanquer
Le ministre de l’éducation nationale vient de décider d’introduire davantage de contrôle continu pour le baccalauréat, au risque de créer un examen local et d’accroître ainsi les inégalités entre élèves. Comme quasiment toutes ses réformes depuis le début du quinquennat.” abonnés

La Croix fait un tour d’horizon des propos du ministre et donne la parole à Jean-Rémi Girard : « Attribuer 40 % du bac sur la base des bulletins, ce serait placer les enseignants sous la pression permanente des élèves et de leurs parents », fait-il valoir. C’est aussi « courir le risque de voir chaque lycée faire une lecture locale des programmes, en tenant compte du profil des élèves et en s’éloignant du référentiel national que constituait jusqu’ici le bac » »

N’en doutons pas, d’autres retours viendront dès la rentrée à ce sujet, nous vous donnons rendez-vous.

 


Parcoursup

 

Notre rédactrice en chef, Cécile Blanchard a publié dans Alternatives économiques un article sur ce « Que fait Parcoursup aux lycéens ? »
Depuis trois ans, les lycéens de terminale doivent passer par une plate-forme du nom de Parcoursup pour s’inscrire dans l’enseignement supérieur. Un certain nombre d’écoles privées échappent à cette règle, mais elle vaut sinon pour toutes les filières universitaires, les classes préparatoires, les BTS, etc.”

L‘Express a donné la parole à des lycéens déçus et publie une enquête au titre péremptoire. « Parcoursup : « C’est une loterie qui ne dit pas son nom ! »
Heureusement, l’enquête va au-delà des déceptions : « Les critères requis par les différentes formations sont clairement formalisés et accessibles sur la plateforme. Les candidats savent donc à quoi s’attendre », assure Jérôme Teillard, chef de projet Parcoursup au ministère de l’Enseignement supérieur. Certes. Mais quand le nombre de places est largement insuffisant pour absorber le flux des aspirants étudiants toujours plus nombreux (+ 234 700 ces cinq dernières années), comment départager cette masse de profils de plus en plus similaires ? C’est là que ça se corse ! La façon dont s’opèrent les choix reste souvent trop opaque. Un constat avancé par la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH).  »

Sur Europe1, la ministre affirme que « Parcoursup : « c’est exactement le principe de la méritocratie » « APB c’était le tirage au sort. Parcoursup c’est un projet d’orientation qui se construit […] Il y a les attendus qui sont connus, il y a les dossiers qui sont examinés… »
Dans ce même entretien Frédérique Vidal annonce la création de 19.000 places supplémentaires, notamment en BTS et dans les filières en tension… mais sans moyens supplémentaires en terme d’enseignants.

 


Supérieur

La fin de l’année est compliquée pour les étudiants qui se retrouvent sans affectation en master.

Dans le Huffington Post  » Quand les étudiants en licence ont la mauvaise surprise d’être acceptés nulle part » 
Avec le mouvement #EtudiantsSansMaster, les étudiants prennent la parole sur les difficultés à être acceptés en master. Des formations de plus en plus restreintes, jugées trop élitistes.
“Un hashtag en forme de ras-le-bol général. Les étudiants, déjà touchés par les conséquences sociales et éducatives de la pandémie de Covid avec les cours en distanciel, l’isolement, la difficulté à trouver des petits boulots ou à maintenir une vie sociale, sont désormais confrontés (pour ceux qui terminent leur troisième année) à une autre problématique lorsqu’il s’agit d’envisager leur avenir.”

Et pour la rentrée ? Ce qui se profile dans l’enseignement supérieur. Par Clément Rocher de l’Etudiant.
“À quoi ressemblera votre rentrée de septembre ? La ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a reçu le rapport contenant des préconisations sur la préparation de la rentrée étudiante 2021. Elle devrait s’exprimer sur les points retenus dans les jours à venir.”

Deux tribunes sur l’enseignement et la recherche.
Retour d’expérience sur l’enseignement de l’anthropocène à l’université. Tribune signée par 5 universitaires (The COnversation)
“La planète bleue voit incontestablement son état se détériorer : les différents systèmes naturels interconnectés (biosphère, atmosphère, hydrosphère, lithosphère) sont dégradés de manière profonde et généralisée par les activités humaines, avec ce que certains chercheurs ont nommé une « grande accélération » depuis les années 1950. L’urgence de partager le constat sur l’état de la planète et d’élaborer des réponses à la hauteur des enjeux pour maintenir son habitabilité se fait chaque jour plus pressante.”
« Nous voulons une cohérence de la politique publique en matière de recherche architecturale, urbaine et paysagère »
“Entre promesses non tenues et rendez-vous manqués, la réforme des Ecoles nationales supérieures d’architecture et de paysage (ENSA-P) est restée lettre morte, dénoncent dans une tribune au « Monde », 48 directeurs et directrices de recherche.”

Une polémique sur la « blanchité alimentaire ».
«Blanchité alimentaire»: Sciences Po sous le feu des critiques après les propos d’une chercheuse du CNRS. Par Aldebert Mayeul pour Le Figaro étudiant.
“Dans le cadre d’un séminaire organisé par Sciences Po Paris et l’Université de Nanterre, cette chercheuse a défendu le concept de «blanchité alimentaire» comme outil de «l’identité raciale dominante». L’école se défend, affirmant ne promouvoir «aucune théorie ni école de pensée particulière».”

Divers

L’année se termine difficilement pour les personnels de l’éducation nationale.
Quand les enseignants claquent la porte, par Sandrine Garcia de La vie des idées
“Les démissions de professeurs des écoles, bien que statistiquement limitées, sont un révélateur de la dégradation des conditions de travail des enseignants dans un contexte d’austérité budgétaire, sans que cette question se limite au thème de la revalorisation des salaires.”
Après quinze mois de crise sanitaire, les chefs d’établissement se disent « fatigués »
“Alors qu’une étude publiée récemment montre une forte dégradation du moral des personnels de direction depuis mars 2020, certains d’entre eux racontent les effets d’un an et demi de crise sanitaire sur leur métier.” Par Séverin Graveleau. Article réservé aux abonnés du Monde.

Une tribune sur l’orientation par Vincent Troger (Le Monde) et la réponse de Bernard Desclaux (sur son blog)
« Le système d’orientation de l’école française semble de plus en plus décalé avec la réalité économique et sociale ». Tribune de Vincent Troger, Maître de conférence honoraire en sciences de l’éducation
“Alors que la procédure Parcoursup continue, Vincent Troger, maître de conférences honoraire en sciences de l’éducation, invite, dans une tribune au « Monde », à centrer davantage l’orientation sur le projet de vie des jeunes.”
Par Bernard Desclaux : Peut-on changer notre système d’orientation

Régions : zoom sur les compétences dans l’enseignement scolaire, l’orientation et le supérieur. Par Thibaut Cojean dans L’Etudiant
“Entre la gestion quotidienne des lycées, une mission d’orientation partagée avec l’Etat et un financement facultatif de l’enseignement supérieur, quel est le rôle des régions dans l’éducation et la recherche ?”

Pour terminer, un peu de lecture. Philippe Meirieu : Construire une vision d’avenir pour l’Ecole et la démocratie
“ »Ce qui se joue à travers la place de l’éducation dans le débat politique c’est une certaine confiance en l’avenir, le contraire du populisme ». Pédagogue, président des CEMEA, Philippe Meirieu se retrouve au centre de deux événements importants cette semaine. Le 30 juin, le lancement d' »Ambition éducation » et de son appel. Le 3 juillet celui de Convergence(s) pour l’éducation nouvelle. A un an des présidentielles, l’ambition est de ramener l’éducation dans le débat politique. Pour Philippe Meirieu, l’avenir de la démocratie en dépend.”

« Il faut lire, discuter, bricoler » conseille Philippe Meirieu pour les vacances des enfants. (France Inter)
« Les vacances scolaires débutent donc après demain mardi, jusqu’au 2 septembre. Pour les écoliers, collégiens ou lycéens, ces vacances s’annoncent donc à l’issue de deux années scolaires chaotiques en raison de la crise du coronavirus. Certains élèves ont pu paraître totalement perdus. Le spécialiste des sciences de l’éducation, Philippe Meirieu, était l’invité du journal de 13h, ce samedi. »

 

Emilie Kochert et Géraldine Duboz, qui vous souhaitent de bonnes vacances.


Sur la librairie des Cahiers pédagogiques

N°570 – Apprendre dehors

Coordonné par Aurélie Zwang et Jean-Michel Zakhartchouk – Juin 2021

Après les confinements successifs, l’intérêt pour les pratiques d’éducation en plein air est grandissant. Inscrites dans l’histoire de la pédagogie, elles sont non seulement mises en œuvre à l’école, de façon régulière ou lors de sorties de terrain plus ponctuelles, mais aussi dans le périscolaire. Il s’agit dans ce dossier d’interroger ce qui s’apprend de spécifique dehors.

 

 

N°569 – Enseigner la créativité ? 

Dossier coordonné par Caroline Elissagaray et Angélique Libbrecht

mai 2021

L’injonction à la créativité est répandue dans le monde du travail, mais à l’école, elle semble souvent réservée aux petites classes ou aux filières artistiques. Dans ce dossier, nous envisageons cette notion comme compétence à développer et comme levier pour les apprentissages à tous les âges et dans toutes les disciplines