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Changer l’école, avec les mouvements pédagogiques

Je ne vais pas me lancer dans une synthèse à chaud de tout ce qui est dit dans la journée, je vous laisse repartir après vous avoir fait votre propre opinion sur tout ce qui a été dit, en vous invitant simplement, si vous le souhaitez, à nous laisser un contact si vous voulez être tenus informés de nos prochaines manifestations, voire participer davantage aux activités du CRAP-Cahiers pédagogiques, être un relais de nos idées, nous donner un coup de main occasionnel, etc.

Je voudrais surtout vous proposer de regarder cette journée avec un petit pas de côté, pour se donner une perspective un peu optimiste. Aujourd’hui, 250 personnes, toutes plus ou moins liées au monde de l’éducation, ont choisi de passer leur samedi, le premier jour du printemps qui plus est, dans un lycée à débattre d’éducation et de pédagogie. Des associations, des syndicats, des représentants des fédérations de parents d’élèves, de l’association des régions de France, ont bien voulu prendre leur temps pour travailler avec nous ce thème, changer l’école, avec les enseignants, et je les en remercie une nouvelle fois. Sans flagornerie, je ne sais pas s’il y a beaucoup de professions où on retrouve ce type de mobilisation, ce type d’associations très particulières que sont les mouvements pédagogiques. Car voilà tout de même des enseignants, au sens large du terme, qui choisissent de s’impliquer, de s’investir, de s’associer sur des questions qui touchent au coeur de leur profession. Ils considèrent que leur métier ne s’arrête bien sûr pas au temps passé en présence des élèves, mais pas non plus à la seule gestion du quotidien de la classe, des relations avec les parents, avec les collègues : depuis que l’école existe, il y a des militants pédagogiques qui choisissent de consacrer du temps à se former, à réfléchir sur les questions pédagogiques, pour améliorer à la fois leurs pratiques du quotidien et le système éducatif dans lequel nous exerçons.

En 1947, des enseignants des classes nouvelles qui s’étaient mises en place dans l’enthousiasme de la Libération s’étaient regroupés autour d’une revue qui leur permettait d’échanger sur leurs pratiques, revue qui allait devenir les Cahiers pédagogiques. En 1963, inquiets de voir un système éducatif qui se contentait de pousser les murs pour accueillir un nombre grandissant d’élèves sans remettre en cause son fonctionnement même, l’équipe des Cahiers pédagogiques lançait un Manifeste de l’éducation nationale, qui connaissait un succès considérable et débouchait sur la constitution d’une association, le CRAP. Quelques dizaines d’années plus tard, nous sommes toujours là, avec le même souci de travailler à la fois les menues questions du quotidien de la classe comme les grandes problématiques de l’éducation, de donner autant de valeur aux modestes récits d’une pratique avec des élèves qu’à un article d’un chercheur en sciences de l’éducation.
Nous avons la faiblesse de croire que des moments de réflexion collective comme cette journée, des outils comme les Cahiers sont précieux pour les professionnels de l’éducation. Nous continuons à nous efforcer de concilier engagement et prise en compte des complexités, lucidité et détermination, à chercher sans relâche à aborder les questions pédagogiques sans simplismes et sans dogmatisme, sans tabous et sans déférence.
Dans une période où le souci des économies budgétaires semble souvent être le principal critère de gestion du système éducatif, et cela y compris au détriment des mouvements pédagogiques comme le nôtre, il est essentiel que les pédagogues continuent à se faire entendre et travailler à améliorer notre école, pour la rendre plus juste, plus efficace, plus démocratique. Si on ne peut guère compter pour cela sur notre institution, à nous de nous prendre en main et de contribuer, avec le maximum de nos collègues enseignants, à changer l’école.

Patrice Bride, secrétaire général du CRAP-Cahiers pédagogiques.