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Le statut d’enseignant : la médaille et ses revers

Le statut de fonctionnaire offre un emploi à vie et des changements d’échelons, donc des augmentations de salaire programmées et quasi automatiques. Les agents de la fonction publique peuvent donc s’engager dans des projets à long terme et regarder leur avenir avec une certaine sérénité, ce qui n’est plus le cas pour qui a un emploi en dehors du statut de fonctionnaire. Plus spécifiquement, et comme il le leur est parfois reproché, les enseignants bénéficient des vacances scolaires. Ce qui leur permet, par rapport aux autres salariés, de vivre une relation plus présente avec leurs enfants puisque leurs horaires sont proches, ils sont libres les mercredis, les week­ends, les vacances scolaires et ne travaillent pas la nuit.

Ces acquis sont-ils pourtant à considérer comme des privilèges ? Sans doute non, si l’on considère que l’entrée dans le métier est toujours très difficile pour ces jeunes enseignants, qui sont souvent nommés dans les postes les plus difficiles et à qui une formation trop théorique impose ensuite sur le terrain une surcharge de travail difficilement gérable. Non certainement, pour qui sait combien de plus en plus d’élèves ont des attitudes et comportements qui ne favorisent pas les apprentissages dans le cadre scolaire : ils peuvent être incapables de rester assis calmement, d’être attentifs plus de quelques minutes, de se concentrer sur une tâche. Tout cela engendre beaucoup de fatigue nerveuse et une énergie de tous les jours pour ne pas renoncer à ses idéaux. Non enfin, lorsque l’enseignant se voit de plus en plus chargé par l’institution d’assurer une mission de justice sociale dont on charge l’école.

Même si le métier est difficile donc, il offre à l’enseignant un statut relativement enviable par rapport à une grande partie de la population. Alors le monde enseignant ne pourrait-il pas travailler à rendre ce statut plus légitime aux yeux de tous, en se montrant plus comme force de proposition dynamique que complice d’un immobilisme qui ne se mobiliserait que pour défendre un statuquo face aux réformes, aux réductions budgétaires ? Par exemple, en revendiquant clairement comme non prioritaire l’augmentation du salaire des enseignants dans le cadre de la crise actuelle. Et en travaillant à faire des propositions de pistes d’économie au lieu de paraitre comme demandant sans cesse plus de moyens, malgré la crise.

D’autres acquis statutaires ou résultant de luttes syndicales devraient avantageusement pouvoir être discutés. Pour exemple, ne pourrait-on pas discuter du fondement d’une inspection ? Si ce fondement est l’évaluation de ce que l’enseignant est capable de faire, alors l’inspection doit être organisée à une date prévue, afin que l’enseignant ait toutes ses chances pour préparer et montrer le meilleur de lui-même. Mais si ce fondement est l’évaluation de ce que l’enseignant fait au quotidien dans sa classe, alors l’inspection devrait pouvoir se dérouler de manière imprévue, l’accent étant alors mis non sur une performance à un instant T, mais sur l’ensemble du travail réalisé tout au long de l’année.

Il serait aussi sans doute utile de revenir sur le principe de la fonction acquise à vie : formateurs et conseillers pédagogiques ne pourraient-ils pas être nommés pour une certaine période, puis reprendre leur fonction d’enseignant dans une classe ?