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L’évaluation, plus juste et plus efficace : comment faire ?

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Cette publication semble arriver à point nommé, alors que le ministre insiste sur l’importance d’une évaluation « positive », tout en étant très prudent sur un éventuel abandon de la notation chiffrée…

Effectivement, il parait dans une actualité foisonnante : celle des déclarations ministérielles sur la nécessité d’une évaluation « positive », « bienveillante », avec la mise en place d’un groupe de travail national sur le sujet qui devra rendre des conclusions très rapidement, nous dit-on ; celle, aussi, du terrain, où on voit se multiplier les recherches d‘alternatives à un système de notation obsolète. Les « classes sans notes »se multiplient, avec un foisonnement d’expérimentations qui ont en commun de remettre à leur juste place évaluation formative et sommative, et de retrouver la visée de l’évaluation comme aide à l’apprentissage.

Le discours ministériel a une visée fédératrice que l’on comprend bien, mais il devrait au minimum être ferme en demandant, entre autres, de supprimer les moyennes générales en dehors des années d’examen, de suspendre les notes au moins au tout début du collège ou d’encourager les équipes qui essaient d’autres modes d’évaluation. Notre livre se veut aussi un outil dans ce combat pour en finir avec l’archaïsme d’un système qui est autant injuste qu’inefficace.

Vous insistez sur l’inefficacité du système traditionnel de notation. En êtes-vous si sûr ? Car si on semble d’accord pour dire que les mauvaises notes découragent, les bonnes ne stimulent-elles pas ? Et que répondre à ceux qui accusent les « pédagos » de vouloir casser le thermomètre ?

La notation chiffrée a pour elle cet effet d’évidence que lui donne son ancienneté et son universalité dans le système scolaire français. Mais on sait combien elle fige très vite les positions des élèves face à la réussite scolaire (« je suis nul en anglais »…) et engendre des conduites de compensation (j’ai 12,5 de moyenne avec, entre autres, 16 en maths et 6 en SVT) nuisibles à la réflexion sur ce qu’est apprendre et à l’effort pour travailler réellement les compétences indispensables. Accuser l’évaluation par compétences d’être une forme de dissimulation des difficultés, c’est presque comique quand on sait tous les petits arrangements qui président aux notes ! Songeons aux inénarrables cuisines qu’a engendrées la « note de vie scolaire », heureusement disparue…

Mais ce serait réduire le débat que de la ramener à une controverse pro ou anti notes. Il s’agit de se demander quels modes d’évaluation peuvent, au moins pendant toute la scolarité obligatoire, amener chaque élève à progresser à travers réussites et erreurs, sans décourager ni masquer la réalité. L’évaluation en milieu scolaire, c’est un mode de communication entre les enseignants et l’élève, et entre l’école et la famille ; il participe de cet effort que doit faire notre école pour lutter contre l’intériorisation de l’échec par de nombreux élèves de milieux populaires.

Qu’est-ce qui vous a frappés en coordonnant cet ensemble de contributions ?

D’abord, ces si nombreuses initiatives autour d’évaluations pratiquées différemment de la tradition, que nous n’avons pas eu de peine à recueillir. Mais l’on remarque aussi, ce n’est pas une surprise, l’absence de dogmatisme des contributeurs. Ceux-ci se posent des questions, hésitent entre une position qui pourrait les marginaliser et une attitude moins révolutionnaire mais qui permet davantage un travail en équipe.

Florence Castincaud et Jean-Michel Zakhartchouk


Avec cet ouvrage, Jean-Michel Zakhartchouk, se clôt la collection « Repères pour agir », en partenariat avec le CRAP…
Effectivement, après une quinzaine d’années d’existence et près de 25 titres, la collection s’arrête, dans le cadre de la transformation du SCEREN en CANOPE. Mais notre collaboration va se poursuivre sous d’autres formes ou d’autres formats.