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Revue de presse du mardi 8 septembre 2020

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Dans l’actualité éducative aujourd’hui, on s’interroge beaucoup.
L’école rentre et se referme par endroits, comment faire quand on est parent ?
Cette école d’après arrivera-t-elle un jour finalement ? Elle cherche en tout cas à tirer les leçons du semestre précédent et à tirer le moins mauvais de la situation présente.
L’école est aussi évaluée, mais est-elle évaluable pour elle-même soumise comme elle l’est à des politiques tiraillantes ?
Enfin, des brèves à suivre dans le supérieur.


Congés Covid ?

Les écoles et les classes ferment les unes après les autres, mais l’État était-il prêt ?

OuestFrancehttps://www.ouest-france.fr/education/ecole/coronavirus-le-gouvernement-travaille-a-un-conge-parental-en-cas-de-fermeture-d-ecole-6965192 signale que «Le gouvernement travaille à « un congé parental » en cas de fermeture d’école»
«Ces fermetures mettent des parents en difficulté. Mais le ministre de l’Éducation nationale a assuré, ce lundi 7 septembre, sur BFMTV, que le gouvernement allait rapidement se pencher sur la question. Il y aura sans doute de nouvelles mesures annoncées par le Premier ministre dans un prochain temps, […] probablement cette semaine, a indiqué Jean-Michel Blanquer.
Parmi celles-ci, un nouveau dispositif de congé parental en cas de fermeture d’un établissement. Aujourd’hui, c’est le droit commun qui s’applique avec la possibilité de rester chez soi quand on a un enfant à garder, explique Jean-Michel Blanquer.
»

France3 Normandie
est plus méthodique et donne les indications selon la situation que vous rencontrez : «C’est le cauchemar de nombreux parents. Comment s’organiser si son enfant ne peut aller en classe, victime directe ou indirecte du Covid19.[…]
Premier cas de figure, votre enfant est déclaré positif au Covid-19 :
Si votre emploi le permet, votre employeur a la possibilité de vous placer en télétravail. Si ce n’est pas le cas, votre médecin traitant, en accord avec l’Agence Régionale de Santé, vous délivrera un arrêt de travail.[…]
Si votre enfant est confiné à la maison parce qu’il est un « cas contact », ça se complique : Votre médecin vous demandera de vous surveiller sur le plan médical et peut vous arrêter si vous ne pouvez pas télétravailler. Mais attention, ce n’est pas une obligation ![…]
Il vous reste alors la solution de piocher dans vos réserves de congés
»
Dans la Provence, on a le sens du titre putaclic, je vous y renvoie si vraiment vous y tenez, et comme souvent, l’article n’est pas en adéquation avec ce titre…


L’école d’après ?

Le Parisien mentionne les fermetures d’écoles en Guadeloupe : le covid ? non, surtout le manque d’eau…
«Le réseau local est vétuste, malgré des travaux. « 40 écoles, 2 lycées et 1 collège sont fermés sur six communes » à cause des manques d’eau, a précisé le rectorat.
L’approvisionnement en eau est perturbé dans de nombreux établissements scolaires de Guadeloupe.
Le cumul d’un problème structurel et d’une pandémie a d’importantes conséquences en Guadeloupe. En raison de la diffusion du Covid-19 et de coupures d’eau, de nombreuses écoles doivent fermer.
« Quelques écoles et lycées sont concernés par des cas de Covid-19. Mais ce sont surtout les coupures d’eau qui forcent à fermer », explique Eddy Ségur, du syndicat Snes-FSU. « 40 écoles, 2 lycées et 1 collège sont fermés sur six communes » à cause des manques d’eau, a précisé le rectorat.
»

Dans Le Nouvel Obs, on fact-check le confinement à l’école:
«Un million de décrocheurs et non pas 500 000, les écoles françaises ni plus ni moins efficaces que leurs voisines… Nous avons passé au crible les affirmations du ministre de l’Education nationale. Le résultat est édifiant.
[…] Depuis que la crise du Covid s’est abattue sur l’Education nationale, le goût très blanquérien pour l’hyperbole a pris des accents aigus. La séquence a commencé le 16 mars lorsque le ministre a affirmé tout de go – et au plus grand étonnement des enseignants – que l’Education nationale était « prête » pour affronter un confinement brutal qu’il n’avait nullement anticipé (et comment le lui reprocher ?).
Cela s’est poursuivi en mai-juin, à la fin de l’année scolaire. La France, c’est vrai, fut une des premières nations à rouvrir ses écoles, et il faut lui savoir gré de s’être démenée contre vents, marées, syndicats et autorités sanitaires pour y arriver. Reste que ce déconfinement fut difficile, heurté, cacophonique.
»

Qu’en est-il pour les néo-titulaires ? Vousnousils les a interrogés.
«Ayant décroché leur concours en 2019, ils étaient l’an dernier en stage et en formation. Malheureusement, cette année sur le terrain, propice à se former face aux élèves et à échanger avec les collègues expérimentés, a été amputée de plusieurs mois… Margaux 23 ans, prof de physique-chimie[…] a obtenu son concours en 2019 en étant inscrite en master MEEF (Métiers de l’Enseignement, de l’Education et de la Formation). […] Son année de stage a été perturbée par la crise sanitaire […] A peine le temps de prendre de bonnes habitudes qu’il a fallu s’adapter à l’enseignement à distance, qui était aussi nouveau pour moi que pour les formateurs de l’Inspe », déclare Margaux.»

Serge Pouts-Lajus, Directeur associé du cabinet de conseil Education & Territoires, revient sur une vieille lune, remise en lumière par le confinement. «La crise du Covid-19 a démontré de façon éclatante que l’équipement numérique des enseignants est indispensable pour permettre la continuité pédagogique et qu’il le sera peut-être encore à chaque fermeture totale ou partielle des établissements. Cette crise aura aussi été l’occasion de rappeler que de tels équipements ne sont généralement pas fournis aux enseignants par leur employeur, l’Etat.[…]
Le sujet n’est pas nouveau. Les syndicats portent cette revendication depuis plusieurs années, mais le moins que l’on puisse dire est qu’elle ne fait pas partie de leurs priorités. Si les enseignants eux-mêmes ne manquent pas de rappeler l’anomalie dont ils se disent victimes, c’est davantage dans la perspective d’appuyer une demande récurrente de revalorisation de leur rémunération que pour faire avancer une revendication spécifique.
»
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Évaluation

thread de S de Vanssay sur les questions étonnantes dans les évaluations nationales CP-CE1 sur…leur équipement et leur ressenti pendant l’école confinée :

«Etre et savoir» sur France Culture s’interroge : «le niveau des élèves a-t-il baissé et d’ailleurs, qu’est-ce que le niveau scolaire? […]
[Le confinement] nous renvoie à la question plus globale du niveau scolaire et des inégalités d’apprentissage, question très concrète que se posent les professeurs, par exemple devant l’hétérogénéité de leur classe… ou des parents qui trouvent que le niveau baisse par rapport à leur génération. Le sujet est des plus importants, il a donné lieu à de grandes réflexions pédagogiques sur ce que l’on doit apprendre à l’école : tout le monde ne l’a pas en tête mais, depuis 2005, les élèves sont censés savoir et maîtriser un socle commun de connaissances, de compétences et de culture.
» à réécouter en podcast

Libération a lu le rapport annuel de l’OCDE
«Comme pressenti, la note – qui réserve une quinzaine de pages à la France –, donne à première vue du grain à moudre aux enseignants qui souhaitent une revalorisation salariale de la profession, promise dès 2021 par Jean-Michel Blanquer et Edouard Philippe, mais que les principaux concernés attendent depuis belle lurette.[…]
Mais le point le plus intrigant de cette édition – et forcément inédit – concerne l’impact du Covid-19 sur l’éducation : l’organisme insiste notamment sur la réouverture des écoles en contexte de pandémie. Sur ce point, le document laisse entendre que «les pays avec des classes plus petites à la rentrée 2020 auront en théorie plus de facilité à se conformer aux nouvelles restrictions en matière de distanciation sociale, à condition d’avoir des locaux de taille adéquate». Ce n’est pas gagné en France, où les 25 élèves par classe en moyenne dans les collèges publics selon les chiffres de 2018 (contre 23 dans les pays de l’OCDE) ne favorisent pas un respect idéal des gestes barrières

Même lecture, plus centrée sur l’impact de la crise sanitaire dans Le Monde par Violaine Morin (réservé abonnés)

Dans une tribune publiée dans Le Monde (réservée abonnés), «Roger-François Gauthier
inspecteur général honoraire, expert international en éducation et Stéphane Foin
Professeur agrégé réfléchissent à des indicateurs pertinents.»
«C’est-à-dire qu’on ne demande pas, de façon systématique, régulière, homogène mais surtout publique, aux établissements scolaires où ils en sont ni comment ils progressent. Et on ne met surtout pas ces informations à disposition des parents.
En France, on inspecte des personnes individuellement, alors que, dans la plupart des pays, on préfère approcher l’ensemble des conditions qui font qu’un établissement scolaire réussit, ou non, au service de ses élèves. On a bien des séries statistiques de réussite au brevet, au bac, des tests français ou internationaux qui se multiplient pour tenter de mesurer les connaissances acquises par les élèves, mais ce n’est pas la seule chose qu’on attend. Les parents, notamment. Ils attendent, au fond, même si le mot n’est pas souvent prononcé en matière d’éducation, quelque chose comme une « qualité » pour l’école de leurs enfants. Mais comment vraiment la mesurer ?
»


Autres

Dans Sud-Ouest, «Le président est en déplacement en Auvergne ce mardi pour promouvoir les dispositifs en faveur de « l’égalité des chances » […]
Le chef de l’Etat a ainsi promis que le dispositif « cordées de la réussite » aidant les jeunes à accéder à l’enseignement supérieur et aux filières sélectives passerait de 80 000 à 200 000 places en vue de promouvoir « l’égalité des chances ».»

«L’économiste Claudia Senik conteste, dans une tribune au « Monde », l’interprétation faite des résultats des derniers concours littéraires de l’Ecole normale supérieure où, en l’absence d’épreuves orales, la part de femmes admises a nettement augmenté.
Un article publié sur Lemonde.fr le 27 août a fait un certain bruit et a favorisé la diffusion d’une analyse qui me semble incorrecte. Son titre était : « A Normale-Sup, les concours sans oraux ont fait bondir la part de femmes admises ».
L’article évoque le plus grand nombre de jeunes filles admises au concours Lettres (A/L) d’entrée à l’ENS Ulm (désormais ENS-PSL). […]
Les filles, dans nos sociétés contemporaines, seraient donc moins aptes aux épreuves orales à cause de leur peur de la compétition et de leur réserve, spontanée ou apprise. Cette affirmation résonne avec certains travaux en économie expérimentale qui suggèrent la moindre appétence des filles pour la compétition
Mais en réalité, comme le souligne l’article du Monde, cette interprétation ne découle ici que des résultats d’admission aux concours littéraires. Or s’il est vrai que les jeunes filles sont avantagées par la suppression des épreuves orales, on devrait observer le même phénomène dans les concours scientifiques.
» (spoiler : ce n’est pas le cas)
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Marie-Line Darcy, correspondante de RFI au Portugal explique le travail de l’AFEPA en faveur de la lutte contre l’analphabétisme car, «Avec 5% d’analphabètes, le Portugal, pays de 10 millions d’habitants, se classe dans les derniers du tableau européen en la matière. Principale cause de cet analphabétisme : le travail plutôt que l’école. Des associations tentent d’améliorer le panorama.[…] Armando Loureiro, président de l’AFEPA (Association pour l’éducation et la formation d’adulte), tord le cou à une idée toute faite. « Plus d’un tiers de ces 5% d’analphabètes travaillent, rappelle-t-il. C’est un mythe de croire que l’analphabétisme ne concerne que les personnes âgées. C’est faux. Des gens sont employés mais ils ne savent ni lire ni écrire. »[…] Le manque d’autonomie des analphabètes face au monde digital est préoccupant.»

Emilie Kochert


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Sur la librairie des Cahiers Pédagogiques

N° 562 :Profs, exécutants ou concepteurs
Dossier coordonné par SABINE COSTE ET NICOLE PRIOU
n° 562 juin 2020
Comment les enseignants, individuellement et collectivement, interprètent-ils des textes officiels apparemment intrusifs de manière à stimuler leur créativité ? Comment s’approprient-ils des situations matérielles, organisationnelles, sociales fortement contraignantes ?

HSN n°54 : Différencier sa pédagogie : Des idées et des pratiques
juin 2020
Dossier coordonné par Jean-Michel Zakhartchouk
Promouvoir la différenciation pédagogique est un axe fort des orientations des Cahiers. Encore faut-il savoir de quoi on parle et quelles pratiques vont vraiment dans ce sens. Un retour sur des textes essentiels publiés par la revue depuis trente ans, et plusieurs textes inédits et marquants vous sont proposés dans ce dossier hors-série.

Construire ensemble l’école d’après
Sylvain Connac – Jean-Charles Léon – Jean-Michel Zakhartchouk
Edtions ESF
L’école « d’après », un vain slogan, un conte de fées pour ceux qui penseraient que, aux lendemains de la crise sanitaire, une autre école va naître, plus juste, plus en prises avec le monde ? Ce livre, coordonné par des pédagogues engagés, et fruit d’un travail collectif avec le réseau du CRAP-Cahiers pédagogiques, contient de nombreuses propositions pour passer du slogan à la mise en œuvre : comment utiliser à bon escient les outils du numérique, comment modifier programmes et pratiques pour penser le monde actuel (parcours santé, esprit critique…), comment intégrer le respect de l’environnement dans le quotidien de l’école, comment prendre mieux en compte les familles, comment au quotidien, lutter contre les inégalités.