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Qu’est-ce qu’un congrès de l’AGEEM et à quoi cela sert-il ?
C’est un temps privilégié où l’AGEEM accueille ses partenaires : associations, syndicats, mutuelles, éditeurs, créateurs, monde de l’éducation, de la culture et de la communication…Un temps aussi oà l’AGEEM exprime ses choix et ses positions, mais aussi un temps privilégié de formation, de réflexion pédagogique,où les participants peuvent se nourrir d’apports théoriques dans différents domaines de la recherche. Les expositions pédagogiques permettent de rendre compte des « cinq sens » de la polyvalence du professeur des écoles en France développés par Eirick Prairat : la pluridisciplinarité, l’interdisciplinarité, la transdisciplinarité, la poly-fonctionnalité et la poly-intervention. Ce dernier sens sur la prise en compte du public d’élèves, son origine social était fortement convoqué cette année à Pau, avec la relation aux familles. Un rendez-vous annuel, un lieu privilégié favorisant la mutualisation de pratiques autour d’un thème donné. Et chaque année on tourne de ville en ville, avec une équipe académique pour préparer longtemps à l’avance autour d’un thème.
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Que retenez-vous de celui de cette année, les idées fortes et peut-être deux moments forts ?
Chaque congrès montre l’intérêt que les adhérents AGEEM portent à leur métier. L’investissement financier important de chaque congressiste (transport, hébergement et restauration) n’est pas un frein pour une réelle formation. C’est un investissement intellectuel. Les congressistes grandissent avec une analyse réflexive qui leur permettra d’évoluer dans leurs pratiques de classe. Cette analyse est d’autant plus constructive qu’elle s’établit en groupe, en coopération avec ses pairs pour trouver tout son sens, seul devant ses élèves.Chaque intervenant apportera son regard singulier sur la thématique du congrès.Chaque congressiste repartira avec sa propre analyse réflexive pour la poser en acte dès la rentrée prochaine.

Cette année, nous avons été amenés à réfléchir sur la manière de tisser des relations entre les enfants et les adultes, entre l’enseignant et les familles parce que la relation est un besoin fondamental de l’Homme. Dans une société où les différences sont souvent perçues comme une limite, une perte, tisser des liens avec l’autre devient essentiel, la différence peut alors être perçue comme une richesse, un partage et une connaissance mutuelle.

Deux moments forts : la minute de silence après les quelques mots très touchants de la présidente de l’AGEEM pour rendre hommage à notre collègue assassinée par une maman d’élève, à Albi ce 4 juillet. La tristesse, la consternation, le recueillement étaient palpables chez chacun. Et le discours du ministre Benoit Hamon, parlant de cette collègue décédée mais aussi valorisant notre congrès.

Et puis, les moments conviviaux comme la soirée d’accueil où culture locale et gastronomie sont au rendez-vous pour agrémenter les discussions pédagogiques, et la « cérémonie » de fermeture du congrès où les collègues des Pyrénées Atlantiques passent le flambeau aux collègues normandes pour le congrès 2015 à Caen. Toute la salle a brandi les foulards blancs pour reprendre la coutume qui relie le Pays Basque et le Béarn quand les habitants portent une tenue blanche, symbole de l’égalité, garante d’un engagement à une certaine éthique morale qui efface les différences sociales.

Les enseignants, adhérents AGEEM, partagent les mêmes valeurs, sont dans une dynamique pour servir l’école maternelle française. Ils participent de manière active, pour permettre à chaque élève d’y trouver des bases solides comme le roc. Ils réfléchissent, analysent ensemble, pour que ces enfants puissent avoir un regard réflexif sur les premiers apprentissages de leur première école, pour reprendre l’expression de Philippe Meirieu.Ce regard de l’enfant et de sa famille leur permettra de donner sens à la continuité avec le cycle 2.
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Que compte faire l’AGEEM dans les prochains mois ? Quelles pistes d’action ? Et pourquoi avoir choisi le thème « apprendre » pour le prochain congrès ?
Nous comptons continuer de faire rayonner l’école maternelle française. Nous espérons très fort, que le ministère nous soutiendra dans notre démarche en nous accordons du temps hors de nos classes pour poursuivre au mieux nos réflexions et les faire partager dans des journées de formation.

Suite à l’écriture cette année, dans la collection « les carnets de l’AGEEM » sur la scolarisation des moins de 3 ans, l’AGEEM portera toute son attention à la mise en place de ces dispositifs : pour quels enfants ? Avec quels moyens ?

Tisser des liens avec les familles, thème de notre congrès 2014, est porteur de beaucoup d’expériences de terrain que nous souhaitons transmettre à tous les enseignants. Nous réfléchissons à leur mise en forme. Un parcours m@gistère est en gestation.

Cependant, d’ores et déjà, l’élaboration d’un DVD présentant les conférences et les expositions pédagogiques est notre prochain chantier pour les prochaines semaines à venir. Ce sera un réel outil, des ressources pédagogiques pour accompagner la mise en oeuvre de pistes pédagogiques élaborées par des enseignants. C’est un outil directement utilisable dans les pratiques de classe. Des éléments précis et concrets, des situations d’apprentissage, des séquences et des projets de l’école maternelle sont développés.

Quelles pistes d’action ? Pouvoir accéder à la formation des futurs enseignants dans les ESPE. Quand les pays comme le Liban, l’Algérie et le Cameroun nous sollicitent pour aller faire de la formation, il est regrettable que nous ne soyons pas reconnus comme telle dans notre pays.

La Grande Section retrouve sa place à part entière au cycle 1 , nous nous en réjouissons parce que sa « primarisation » était inadaptée pour le développement de l’enfant. Cependant il est important que l’école maternelle « prépare », permette à l’enfant d’acquérir des bases solides pour une entrée réussie au cycle 2. Nous espérons que cela permettra de donner du sens et plus de temps aux apprentissages, que l’enfant ait un retour réflexif sur le cycle des apprentissages premiers en continuité avec ceux de l’école élémentaire.

Le thème de notre prochain congrès à Caen en 2015, a justement tout son sens si nous voulons que l’école maternelle soit une école reconnue comme telle, même si elle scolarise de très jeunes enfants. Comment apprendre à apprendre, à prendre plaisir à apprendre et donner du sens à ces apprentissages ? Comment prendre en compte la diversité des élèves, même les plus démunis, les plus fragiles ? Comment repenser les apprentissages avec ces enfants ? Comment réduire les écarts, quelle stratégie de l’enseignant ?


Le témoignage d’une participante crapiste

Le 87e congrès de l’AGEEM fut mon premier. J’y allais pour glaner des idées, faire des rencontres et nourrir ma pratique de classe. Je ne fus pas déçue de cette première expérience. Ce qui m’a d’abord frappée, c’est la beauté du lieu. Le parvis, les halls, les salles d’expositions, les couloirs, tout était décoré par des productions d’élèves de maternelles sur le thème « Des liens à tisser » d’une incroyable richesse, de quoi nourrir une année de créations plastiques.
Le programme du congrès était dense : conférences, agoras, tables rondes, expositions commentées, salon des éditeurs. Trois jours n’ont pas été suffisant pour tout voir.
J’ai visité les trois espaces d’expositions pédagogiques : Enfant, Familles, École, où une cinquante d’équipes exposaient des projets pédagogiques menés durant l’année scolaire. Les congressistes avaient accès aux productions d’enfants, au matériel pédagogique et avaient la possibilité de rencontrer les enseignants et d’échanger avec eux lors des expos commentées ou lorqu’ils se trouvaient sur place tout au long du congrès. Ces expositions sont le cœur de ces journées de formation : chacun prend le temps d’expliquer et de comprendre, comment, pourquoi, avec quels moyens et quelles difficultés les équipes ont mené à bien leur projet.
J’ai aussi assisté à plusieurs agoras, dont celle d’un animateur TICE (Romain Galissot) sur la création jeunesse du papier à l’écran et l’atelier sur les différentes étapes de la création d’un album de jeunesse de Christian Voltz.
En ajoutant à cela les conférences, les tables rondes et le salon des éditeurs, le congrès de l’AGEEM est un moment de formation indispensable pour un enseignant de maternelle, il s’y enrichit de projets et de réflexions pour l’année scolaire à venir.

Stéphanie Fontdecaba, professeure des écoles, classe unique maternelle-CP, co-coordonnatrice du dossier des Cahiers pédagogiques « Mieux apprendre par la coopération » (505)