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« L’Enfant, l’école, la société »

La première journée de ce colloque a été centrée autour de deux questions : Quel regard sur les enfants et leurs besoins éducatifs et comment ces besoins sont-ils pris en compte sur l’ensemble des temps éducatifs ? Et quel rôle pour l’école quand elle n’a plus l’exclusivité des savoirs et comment permettre la construction et l’acquisition des connaissances et des compétences dans ce contexte ?

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Marie-Luce Verdier-Gibello, psychologue, nous a amenés à nous interroger sur celui qui porte le regard : est-ce l’enfant lui-même, sa famille, l’école ou la société ? L’occasion de pointer l’écart entre l’enfant comme désir, attente ou projection des adultes et l’enfance comme étape d’apprentissage, d’errance et de jeu. Par un retour sur les étapes du développement, s’est posé la question de la scolarisation des enfants de 2 ans et la différence entre se construire comme étant « un » parmi d’autres et se construire au sein de sa famille. Si l’enfant se mire dans les regards qu’on porte sur lui, se pose la question de la multitude de miroirs différents auxquels il se trouve confronté. La psychologue a insisté sur le rôle de la famille comme lieu de repli réparateur. Sophie Graillat, présidente de DEI France, a quant à elle, porté la question des droits de l’enfant. Pour elle, la question devrait être de chercher comment bien traiter les enfants. Elle a abordé l’autorité éducative comme une autorité reconnue par l’enfant parce que l’adulte est bienveillant et participe à son émancipation. Ses propos ont pris écho dans le témoignage de Corinne Moy membre de la FNAREN qui a évoqué la question du regard des pairs et de la nécessité d’une éducation à la relation à l’autre.

Je suis intervenue dans une seconde table ronde aux côtés de François Taddei, directeur de recherche en biologie des systèmes à l’Inserm. C’est bien le constat d’échec qui amène à repenser le rôle de l’école. Du coup les causes possibles de cet échec sont le nouveau rapport aux savoirs, la motivation, les nouveaux contenus de savoirs. L’ensemble doit être repensé en fixant au préalable les objectifs et l’éthique de notre enseignement. François Taddei note le nombre incroyable de publications scientifiques aujourd’hui, un nombre en constante augmentation. Il devient impossible de maîtriser le savoir disponible, tout comme il devient impossible de former les élèves à des métiers qui n’existent pas encore. L’école doit donc avant tout entretenir et développer le désir d’apprendre et la curiosité. Cela passe par une école qui sécurise, par une évaluation qui ne déclasse pas, par un apprentissage à la coopération et à l’invention, par une formation à la démarche d’investigation, par une acceptation de l’erreur comme étape inhérente à l’apprentissage. Un moyen est le travail par projet, interdisciplinaire, par les tâches complexes. Les disciplines se trouveraient alors au service des compétences visées et non le contraire.

Une deuxième journée sur le comment devait amener les participants à réfléchir comment changer l’école ? Comment lui permettre de s’adapter en permanence aux évolutions de la société ? La suite de la réflexion s’affichera sur les différents sites des invités, autour des textes distribués et autour des parents acteurs et actifs qui ont participé à ces journées. Le CRAP n’est jamais loin quand il s’agit de penser l’éducation. Merci à la FCPE de l’avoir invité à leur table ronde.

Sylvie Grau
Professeur de mathématiques en collège à Nantes