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Si bémol et fadaises*.
Pour un nouveau calendrier scolaire

Comment comprendre cet OVNI récent dans le ciel de France, cette déflagration provoquée par une mesure concernant un début de changement de l’organisation de notre temps scolaire et qui vient de secouer fortement les acteurs, usagers et partenaires de l’école ? Grèves nationales et médiatisation à outrance en sont les deux illustrations les plus marquantes.

D’abord et avant tout, savoir que la plupart des responsables politiques et hauts fonctionnaires du ministère de l’Éducation nationale ont toujours considéré ce dossier, selon l’expression d’un ministre, comme un « cactus », non par les modifications relatives aux temps quotidiens et hebdomadaires induites, mais bien par le « choix épineux » de la répartition annuelle du temps scolaire. Et, dans un sens, ils n’avaient pas entièrement tort.

En effet, toucher au calendrier scolaire c’est déclencher, toutes proportions gardées et pour rester dans l’excès qui caractérise ce dossier, une réaction de type nucléaire qui ébranle des pans entiers de l’économie française, plus particulièrement ceux concernant, bien sûr, les champs du tourisme et du transport, mais aussi les secteurs des services, de la culture, du sport, sans oublier l’organisation interne des entreprises et des ressources humaines. C’est, enfin, modifier les rythmes de travail et les vacances de près de quinze millions d’élèves et étudiants et de près d’1,2 million de personnels de l’Éducation nationale, sans oublier ceux des collectivités territoriales en charge de la gestion des écoles, collèges et lycées.

Face à ce constat et pour éviter des démarches à tâtons, il faut se souvenir que le calendrier scolaire est loin d’être ce cadre immuable quasiment sacralisé par certains au nom d’une doxa qui n’a jamais existé. La preuve, qui se souvient que nous sommes passés (pour des objectifs très différents, politiques, sociaux, économiques et jamais éducatifs) par toutes les durées et dates de vacances d’été possibles : quinze jours facultatifs, un mois, deux mois, trois mois, zonages été, hiver, printemps, avec l’apothéose de vingt-six zones en 1981 et 1982 ? Qui se souvient que ce n’est qu’en 1984 que le calendrier scolaire est construit autour de la notion de temps de travail équilibré par la succession régulière de temps de repos suffisant, et devient le « 7-2 » ?

Presque trente ans plus tard, alors que ce calendrier, dans sa pureté et sa naïveté originale, n’a existé que deux années, mais qu’il a montré son utilité et se trouve un des rares points d’accord pour tous, faut-il encore en changer ? Au regard des expériences passées et réussies, fondées sur un allègement conséquent de la journée d’enseignement scolaire, un étalement des apprentissages sur la semaine et l’année scolaire allongée, notre réponse est oui. Oui, si ces trois temps sont liés et en rapport avec une révision et une diminution des programmes et la promotion d’une pédagogie de la coopération qui se substituerait à celle communément admise de la concurrence.