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Pupilles de l’enseignement public (PEP)

Dans un article paru dans la revue nationale du réseau des PEP Solidaires mai-juin 2004, vous parliez de l’ouverture des PEP au milieu non enseignant comme facteur de complémentarité : or, la question de la scolarisation des enfants évoluant dans les établissements spécialisés ne paraît pas très perceptible. Comment expliquez-vous cette situation ?
L’intégration directe est rarement possible pour les enfants accueillis dans les établissements spécialisés dont nous avons la responsabilité. Une phase de transition s’avère nécessaire pour déceler un handicap et travailler à le minimiser. C’est à partir d’une réelle disponibilité de l’enfant que peut se construire le passage vers le milieu ordinaire.

Quel est alors le sens de la scolarisation des enfants dans les établissements spécialisés ?
Il s’agit de préparer ces jeunes au rythme de l’école, de leur apprendre à apprendre, de faire naître le besoin d’école et, au-delà, de préparer son adaptation à la vie sociale. L’école est indispensable dans le milieu spécialisé mais il nous paraît préjudiciable de trouver sur ces postes des enseignants non formés pour ce type de prise en charge. C’est une démarche impliquante que d’accepter la différence et de savoir la minimiser. Il ne suffit d’ailleurs pas d’incriminer l’Education Nationale, les PEP peuvent être cette force de formation intégrante des enseignants spécialisés.

Comment envisagez-vous un partage de scolarisation des élèves du milieu ordinaire avec les enfants des établissements spécialisés ?
Nous avions fait une proposition à Angers d’une journée sur L’Arbre mais nous nous sommes heurtés à la peur des enfants de rencontrer « les autres ». Nous avions aussi pensé à un parrainage de parents qui accueilleraient les enfants de notre établissement : il est alors difficile de prélever un week-end de retour dans la famille pour ce projet. Nous rencontrons aussi des difficultés d’adaptation en fonction du milieu social de la famille d’accueil. Pourtant, il me semble opportun d’œuvrer à des formes de reconnaissance réciproque. D’ailleurs, l’expérience d’une rencontre avec des jeunes sourds a permis des prises de conscience pertinentes pour relativiser le handicap de chacun.

Vous évoquez dans Solidaires l’intérêt de bâtir avec les familles et avec d’autres associations concurrentes des réponses adaptées, quelle répercussion sur la scolarisation des enfants des établissements spécialisés ?
Si l’on considère que la scolarisation est un droit fondamental, alors les associations qui adhèrent aux principes de solidarité laïque doivent favoriser et faciliter l’accueil de ces enfants différents pour des classes de découverte ou des séjours de vacances.
Enfin, je crois que nous devons mieux communiquer ce que nous faisons déjà très bien dans nos établissements : la scolarisation n’est pas un vain mot au regard de l’ensemble des actions qui mobilisent les acteurs des PEP qui sont souvent des enseignants.

Propos recueillis par Kristel Godefroy.