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Convention citoyenne pour le climat: aller plus loin sur l’éducation

Mathieu Sanchez est un des 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat. Il fait part de son engagement qui ne s’arrêtera pas après l’élaboration des 149 propositions rendues publiques en juin dernier.
Pouvez-vous vous présenter et dire pourquoi vous avez accepté l’aventure de la Convention ?

Depuis une trentaine d’années, je travaille en Seine-et-Marne, dans le secteur de l’animation au niveau territorial (centres de loisirs) et je me suis peu à peu intéressé aux problématiques environnementales, alors que dans mon cursus scolaire, il en était bien peu question. Aussi, tiré au sort, j’ai été tout à fait partant pour réfléchir et proposer sur ces sujets essentiels.

J’ai participé à la commission sur les déplacements, mais je me suis beaucoup intéressé aux questions éducatives. Ainsi, dans ma commission, on a réfléchi à la formation professionnelle des jeunes: comment intégrer la dimension de la transition énergétique (voitures propres, etc.)? J’ai eu beaucoup de contacts avec d’autres « citoyens conventionnels » qui travaillaient sur les questions éducatives proprement dites, d’où mon envie de poursuivre ce travail maintenant. J’ajoute que, comme père d’un enfant de cinq ans, je me sens particulièrement sensibilisé et mesure le travail qui est à faire à l’école.

Comment poursuivez-vous donc cette réflexion ?

En fait, en marge, mais aussi en lien avec la Commission, nous avons constitué un groupe de travail, suite à une rencontre avec le Centre de recherche interdisciplinaire et François Taddei qui nous a proposé cette poursuite de la réflexion. C’est vrai que dans les propositions de la Convention, la partie sur l’éducation reste insuffisante. Nous avons eu des contacts encourageants au niveau gouvernemental et nous sommes en train d’élaborer un courrier à destination du ministère, pour qu’il intègre vraiment les questions climatiques aux pratiques scolaires.

Il y a encore du chemin à faire, en trouvant notamment l’équilibre entre les petits gestes du quotidien et les questions plus vastes. À cet égard, nous avons eu des retours d’expériences des écodélégués, mais ce nouveau dispositif reste largement à développer. De nombreux jeunes lycéens apportent aussi leurs propositions au sein du groupe de travail et on pourrait imaginer les impliquer dans une consultation nationale, car, après tout, ils sont les premiers concernés, et ceci bien avant leur majorité légale. C’est d’ailleurs dans cette optique que nous rencontrons des jeunes dans des établissements scolaires, car il est essentiel de les impliquer et de les écouter.

Il s’agit bien sûr de tenir compte à la fois de l’âge des élèves et du contexte local. Je vois le chemin à accomplir quand ma fille revient de l’école maternelle avec des messages anxiogènes, comme le drame des baleines qui meurent à cause du plastique, par exemple, alors qu’il y a peut-être d’autres voies que celle-ci, en encourageant progressivement à agir positivement.

Si on parvient à donner des connaissances solides, comme le fait par exemple Valérie Masson-Delmotte dans une remarquable vidéo, on peut alors profiter du potentiel d’engagement des jeunes pour avancer. D’où l’importance de forger un véritable socle commun sur les questions climatiques à l’école, mais aussi dans la formation des enseignants. Nous attendons de voir si nos propositions seront prises en compte en tant qu’elles sont une forme de suivi des préconisations de la Convention.

Propos recueillis par Jean-Michel Zakhartchouk


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Alors que la course contre la montre est engagée contre les catastrophes annoncées, notre responsabilité est grande. Il s’agit de construire chez nos élèves des repères solides, pour permettre à chacun de se positionner et d’agir de manière rationnelle dans un monde où les fake news prolifèrent. Comment faire droit à la complexité des faits, sans naïveté ? Comment agir collectivement, sans se limiter aux « petits gestes » ? La question écologique nous oblige à lier culture scientifique et citoyenneté. Ce Petit cahier nous met le pied à l’étrier.