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Revenir à l’école

Les personnels de l’Éducation nationale vont se trouver prochainement dans la situation très complexe de devoir faire une rentrée pour un temps court, avec des groupes classes qui ont déjà existé, qui se sont physiquement séparés plusieurs semaines et qui viennent de vivre un événement unique, et pour certains tragique, dans l’histoire de l’humanité.

Il est trop tôt pour parler des conséquences sur les psychismes individuels ou collectifs, sur la société dans son ensemble, sur les rapports entre humains qui auront à travailler en mettant en œuvre ce qui est couramment appelé « la distanciation sociale » que nous préférons nommer « distanciation physique ». Nous pouvons cependant écouter ce que les chercheurs de différents champs des sciences sociales ont à dire. Ils auront un lourd travail à faire dans les temps futurs pour analyser finement ce qui s’est passé.

Cette rentrée du mois de mai se fera certainement avec un faible nombre d’élèves dans un premier temps, des emplois du temps bouleversés, une omniprésence des règles de comportement, les gestes barrières régissant les rapports humains. Une importance particulière sera donnée à la géographie et aux déplacements dans les établissements, les flux et chemins de déplacement dans les locaux auront à être repensés. Tout cela aura des conséquences directes sur les rapports humains, les comportements, la pédagogie dans nos classes.

L’urgence et le temps long

Les personnels de l’Éducation nationale seront également dans le paradoxe d’organiser une remise en route inédite qui nécessiterait en soi un temps long de réflexion. Sa mise en œuvre s’accomplit dans l’urgence d’une fin d’année, avec tout ce qu’il y aura à faire (les bilans, les procédures d’orientation, les affectations, la préparation de la rentrée), avec la tentation de rattraper le temps perdu, et ce qui sera indispensable pour reprendre en septembre dans les meilleures conditions. D’autres ne rentreront pas avant le mois de septembre, ils pourront tirer avantages à lire les contributions que nous avons ici réunies.

Lors de cette rentrée si particulière, il y aura certainement des choix à faire, une sélection entre des choses essentielles et d’autres moins importantes qui seront abandonnées ou reportées à l’année scolaire prochaine. La convivialité, qu’elle soit avec les enseignants ou avec les élèves, aura son importance mais sera mise à mal par les mesures de distanciation physique.

Évidemment, tout ce qui suit devra être adapté aux particularismes locaux et aux injonctions parfois contradictoires, le mot est faible, du ministère. En filigrane se dessinera la rentrée de septembre 2020 qui elle aussi sera particulière et qu’il faudrait déjà penser.

Pas de solutions toutes faites

Ce dossier n’a pas pour vocation de donner des solutions : nul n’est capable de dire vraiment comment cela va se passer et les injonctions contradictoires, les décisions hésitantes de nos dirigeants politiques n’aident en rien le travail à faire. Nous allons chercher, dans les compétences multiples des amis des Cahiers pédagogiques, différentes façons de penser la classe et le groupe, dans les savoirs de chercheurs en sciences de l’éducation, en didactique, en psychopédagogie ou dans l’expérience de collègues qui veulent bien témoigner pour nous, des pistes pour agir.

Il s’agira de se remettre en route, en pensée, après un moment d’immobilisme physique plus ou moins important, de confinement de notre géographie personnelle, qui auront sans aucun doute, chez les petits, les grands ou les adultes, des conséquences encore non identifiées. Il s’agira également de prendre en compte les deuils, les peurs vécues ou archaïques.

Enfin, ce dossier est évolutif. Il pourra témoigner dans le temps de nos premières rencontres, de nos essais, nos réussites et nos échecs, un lieu d’échange réciproque de savoirs que nous voulons dynamique.

Peut-être s’agit-il enfin de changer la société pour changer l’école, de changer l’école pour changer la société !

Nous remercions chaleureusement toutes les personnes qui ont bien voulu participer, dans l’urgence, à l’élaboration de ce dossier.

La rédaction des Cahiers pédagogiques