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«La dimension collaborative et interactive est essentielle.»

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Pourquoi faire un dossier sur l’oral?

Au fil des années, l’oral, qui a toujours été enseigné, est apparu comme une épreuve à part entière lors des examens : oral du brevet, oral des concours des écoles d’ingénieurs, oral au baccalauréat en français, mais également en langues, lors des TPE (travaux personnels encadrés), en EPS, et maintenant le grand oral. Même les écoles de médecine ont décidé dans le cadre de la réforme de la 1ère année de faire passer les élèves à l’oral pour connaitre leur motivation. 
Et puis mettre l’oral au cœur du travail de la classe, cela permet aussi de développer les interactions entre les élèves, de mettre de la vie dans les apprentissages (on pense aux exercices de théâtre en cours de français), de créer du débat et de développer ainsi l’envie et le plaisir d’apprendre.
Parallèlement, lors de l’insertion professionnelle des élèves, les qualités recherchées sont davantage tournées vers les compétences émotionnelles. Les recruteurs sont à l’affut, lors d’un oral « d’embauche », de jeunes en capacité d’interagir, de travailler en équipe, de convaincre.
Il nous a paru intéressant de donner aux professionnels des exemples de pratiques, des « pas de côté » pédagogiques et des manières de faire d’autres pays ou structures.

Est-ce que l’oral s’apprend à tout âge ? Y a-t-il des pratiques plus pertinentes ou fréquentes selon les âges ?

Les pratiques sont différentes en fonction de la maitrise de la lecture et de l’apparition de l’esprit critique… Mais oui, l’oral s’apprend à tout âge et à tous les niveaux scolaires !
On peut remarquer dans le cursus scolaire des moments où cela semble plus facile et d’autres où les élèves sont moins à l’aise, plus gênés de prendre la parole devant les autres, moins spontanés, par exemple en fin de collège ou au lycée. Mais cela dépend beaucoup du climat de la classe et des conditions créées par l’enseignant. Le problème des classes « muettes », où les élèves ne veulent pas se risquer à prendre la parole devant les autres, est assez fréquent en lycée, surtout si on valorise davantage l’écrit (ce qui est encore fréquent).

Y a-t-il en particulier dans ce dossier des pistes pour préparer les élèves au « grand oral » du baccalauréat général ou à la présentation du « chef d’œuvre » au baccalauréat professionnel?

Ce qui semble être mis en avant par les auteurs, c’est l’apprentissage entre pairs, les « brouillons » à l’oral sous forme de vidéo, ou les oraux préparés non pas sous forme d’écrit que l’on récite mais sous forme de plan que l’on garde comme trame et sur lequel on construit son oral.
Cette dimension collaborative et interactive est essentielle et nous souhaitons vivement qu’elle soit présente dans ce « grand oral », comme elle l’était dans les TPE (même si un moment d’interrogation individuelle est nécessaire aussi pour l’évaluation). Les échanges font progresser à l’oral, beaucoup d’articles le soulignent, et les progrès portent autant sur les contenus, qui s’enrichissent, que sur les postures et les savoir-être.
 
Quelque chose qui vous a plus spécialement marquées dans ce dossier?

Les moments de plaisirs, relatés par les auteurs dans leurs pratiques de la pédagogie de l’oral avec leurs élèves, semblent plus fréquents et plus personnalisés. Le correcteur est en interaction avec l’élève dans une relation plus personnelle que lorsqu’il corrige une copie.
Cette relation personnalisée n’exclut pas une dimension collective de l’évaluation: toute la classe peut parfois participer à l’évaluation d’un exercice d’oral, avec une grille de critères élaborée collectivement et des conseils que les élèves se donnent les uns les autres. Et souvent les projets qui font faire des « pas de géant » aux élèves sont des projets collectifs, comme les projets médias, l’utilisation de la radio ou de la baladodiffusion: les articles qui présentent ces pratiques évoquent aussi le plaisir partagé dans la classe.

Propos recueillis par Cécile Blanchard