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Education aux médias et à l’information en milieux scolaires, suivi de « J’ai rencontré des profs heureux »

Démonstration en trois temps, cet ouvrage collectif coordonné par deux formateurs du CLEMI présente les enjeux de l’éducation aux médias et à l’information, les contenus, puis les acteurs et les outils, au travers de projets concrets, détaillés et réellement menés. Ensuite, des « combattants de l’espoir » selon les mots de Philippe Marhic, des professeurs racontent ce qui leur plaît dans notre métier, grandes joies et petits instants de bonheur se mêlent.

Les rédacteurs insistent sur les enjeux citoyens de l’éducation aux médias et à l’information dès les premières pages. L’essentiel est que tous les enseignants s’emparent de cette « éducation à » avec le soutien privilégié dans le secondaire des professeurs documentalistes pour permettre un développement de l’esprit critique et une éthique de la pensée en particulier dans l’univers numérique. Le premier projet proposé associe éducation aux médias et à l’information, sous la forme d’une culture numérique critique dans une visée de culture humaniste et littéraire en se fondant sur la recherche sociologique notamment. C’est un choix ambitieux, certes, mais à la mesure de ce qu’est l’éducation aux médias et à l’éducation qui permet de travailler tous les domaines du socle comme le rappelle dès le sommaire Serge Barbet, directeur délégué du CLEMI. Cette partie se clôt avec un manifeste de l’Association Jets d’encre en faveur des journaux lycéens rappelant combien ils sont une richesse pour les établissements qu’ils dynamisent tout en améliorant le vivre-ensemble. Marianne Acquaviva y répond dans son article sur l’accompagnement par un adulte d’un journal lycéen en 3è partie et la place que doit prendre cet accompagnement, sans empiéter, justement, sur la liberté d’expression des jeunes dans ces publications.

La partie sur les contenus est encore plus riche par la variété des expériences proposées, montrant notamment des résidences de journalistes, des recherches d’informations, création et production de médias scolaires sur les temps scolaires ou périscolaires. L’intérêt étant de présenter des situations variées non seulement par les formes proposées mais aussi par les moyens mis en œuvre. Mention spéciale au projet d’un collège de Palaiseau, dont une classe de 3e est partie à la recherche d’informations sur le père d’Ida Grinspan. Éducation à l’information et interdisciplinarité associées à un travail de recherche historique et à la réflexion sur les liens entre histoire et mémoire s’y mélangent sans jamais s’emmêler dans une présentation limpide et claire qui ne cède ni au jargon, ni aux sirènes du pathos.

La 3e partie développe des projets faisant la part belle à des acteurs et des outils aussi multiples que complémentaires. Tandis que les deux premiers seraient des prolégomènes pour donner envie de s’investir à son tour en s’inspirant des situations présentées. Ce chapitre est pratiquement une suite de propositions de mises en œuvre qui sont proposées quasiment clés en main. Il est, en effet, encore plus riche en présentation de ressources et encarts d’explicitation que les précédentes parties.

L’ouvrage se termine sur des récits de bonheurs pédagogiques ou éducatifs racontés par des enseignants. Ils forment comme une bulle de bien-être développée dans un écrin d’esprit critique et de lucidité sur les situations professionnelles présentées.
Un ouvrage à lire, à recommander à tous ceux qui souhaitent débuter l’éducation aux médias et à l’information de façon critique et pratique.

Emilie Kochert