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Drôles de questions !

Aurélie Privé, Dominique Seghetchian

L’humour pose question à l’école. Dans un contexte qui encourage individualisme et compétition, qui pose l’autorité en principe s’imposant à priori au lieu de se construire dans la relation, l’humour apparait souvent comme un danger potentiel de subversion ou de perte de contrôle. Et puis, l’école, c’est sérieux. Comme si l’humour n’était pas une autre façon d’aborder des problèmes de fond.

Humour, mot ambigu qui désigne un phénomène que tout le monde pense cerner sans pouvoir vraiment le définir. Ce n’est pas nécessairement un grand éclat de rire. Ce peut être un sourire en coin, une absence de réaction extérieure, un sourire intérieur, voire une révolte ! On peut tenter de le catégoriser en fonction de l’émotion – l’humeur – qu’il produit : la blague sera plaisante, l’humour noir dérangeant… On peut aussi le définir par son rôle social, selon qu’il sert à railler ceux qui sortent des limites convenues ou à tisser un lien entre humains.

C’est dans son mécanisme qu’on trouve une constante : l’humour provient d’un décalage entre la réponse apportée et celle attendue. Lorsqu’on le définit ainsi, on comprend pourquoi l’humour est culturel, personnel, tantôt plaisant, tantôt grinçant, car le décalage en question peut se produire dans un contexte « joyeux », ou plus incisif.

Lorsqu’on évoque l’humour en contexte scolaire, la question se pose des choix à opérer, des postures à adopter, des messages à faire passer pour que l’humour ne masque pas des formes de harcèlement. De ce point de vue, la contribution de Gwenaël Le Guevel nous semble éclairante. Nous avons rassemblé dans une première partie de ce dossier des contributions qui nous ont semblé participer à cette nécessaire définition de l’humour éducatif.
Alors, l’humour a-t-il sa place à l’école ? Les exemples d’utilisation de l’humour en classe et les témoignages rassemblés dans la deuxième partie sont inspirants et montrent que l’humour peut se fondre dans une pédagogie efficace dans toutes les disciplines et à tous les niveaux, de la maternelle à l’université.

Mais si l’humour n’est pas un don inné, si c’est une compétence qui s’apprend et s’entraine, cet apprentissage et cet entrainement relèvent de notre responsabilité d’éducateurs et d’enseignants. La troisième partie ouvre quelques pistes en ce sens.

Enfin, vous découvrirez, pour clore ce premier dossier jamais consacré par les Cahiers pédagogiques à l’humour, les grands bénéfices qu’il peut apporter dans le climat de classe, pour consolider l’autorité du professeur, le développement de l’esprit critique, la confiance en soi, à condition qu’il soit éthiquement cadré.

Aurélie Privé
Professeure de SVT, chargée de mission pour la culture scientifique dans l’académie d’Aix-Marseille
Dominique Seghetchian
Professeure de français retraitée