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« Nous voulions attirer des curieux et pas seulement des convaincus. »

Quel bilan tirez-vous de ce CLIC ?

Je suis très contente pour l’association, il y avait un gros enjeu pour nous sur cet événement et ça s’est très bien passé. Nous avons commencé à préparer ce CLIC très tard, sur des dates qui coïncidaient avec celles du brevet, celles de la grève à la SNCF et de la coupe du monde. Arriver en si peu de temps à tout organiser, alors que le 23 avril nous n’avions pas encore trouvé le lieu, cela me semble très bien. Et en si peu de temps, nous avons réussi à avoir 550 inscrits, une centaine d’ateliers et de nombreux partenariats.

Mais au-delà des chiffres, ce qui est important pour nous, c’est que la moitié des participants se définissaient eux-mêmes dans notre formulaire d’inscription comme des « curieux » par rapport à la classe inversée et aux méthodes actives. Ce qui confirme notre positionnement, qui veut que le CLIC ne soit pas un « club » d’inverseurs, ni même leur congrès. Car c’est bien cela l’objectif : il ne s’agit pas de proposer un rendez-vous entre « innovants » convaincus qui se parleraient entre eux, mais d’attirer aussi des curieux, qui viennent picorer dans les ateliers.

On demande d’ailleurs au comité scientifique, qui examine les propositions de contributions pour le CLIC, de ne pas forcément sélectionner les propositions d’ « inverseurs » confirmés, mais de privilégier la démarche réflexive. De fait, la plupart des intervenants viennent aussi partager leurs difficultés, qu’elles soient résolues ou pas. Il ne s’agirait pas de faire peur à des « curieux » qui pourraient avoir peur de se lancer si on leur montrait uniquement des démarches pédagogiques très expertes et abouties. Et si l’on compare les programmes des CLIC de 2015, 2016 et 2018, on voit qu’il y a beaucoup de nouvelles têtes.

Le CLIC cette année était ouvertement placé sous le signe des méthodes actives. Faut-il y voir un changement d’objet d’Inversons la classe ?

Une redéfinition de l’association est nécessaire. On en a effectivement vu les prémisses avec le thème du CLIC cette année. Mais il s’agit d’une transition, pas d’une rupture. Inversons la classe ! a toujours considéré que les propositions de classes inversées étaient inscrites dans la pédagogie active. Nous ne portons pas une vision réductrice de la classe inversée, avec des cours à la maison et des devoirs en classe, comme on la schématise parfois. Dès le congrès de 2015, nous portions déjà des réflexions et des questionnements plus larges, sur l’évaluation ou le travail en groupe, par exemple.

Mais pour les gens qui sont à l’extérieur de l’association, le lien n’est pas clair du tout, nous avons donc besoin de l’afficher beaucoup plus fortement. D’où notre volonté cette année d’associer des acteurs historiques ou plus récents de ce courant, qui portent aussi l’idée de collectifs enseignants. C’était une occasion de créer des liens entre des communautés qui ne se connaissent pas forcément au-delà de liens individuels qui peuvent exister. Les échanges entre les deux ne peuvent qu’être riches d’enseignements et bénéfiques d’un côté comme de l’autre.

Encore une fois, Inversons la classe ! n’est pas un « club », mais un collectif d’enseignants qui cherchent à construire l’école du XXIème siècle. Nous ne sommes pas dans la prescription : la classe inversée n’est pas la méthode miracle ou la baguette magique, mais c’est une proposition pour aider les enseignants à changer de posture. D’où le thème de cette année, « Changer de posture pour apprendre ». Nous concevons la classe inversée comme une porte d’entrée et un facilitateur des pédagogies actives. Nous voulons aussi contribuer à insuffler plus d’horizontalité et de coformation dans un système profondément vertical.

Quels sont les projets d’Inversons la classe ! pour la suite ?

Nous sommes dans une phase de transition de notre gouvernance. Je ne veux pas préjuger des projets que voudra initier le futur bureau mais pour l’instant, on peut dire avec certitude qu’il y aura une CLISE (Semaine de la classe inversée) en 2019, fin janvier comme les années précédentes.

Et nous poursuivons notre projet CLIP, une plateforme de mutualisation en ligne à destination des élèves et des enseignants. Elle servira à mutualiser cours et ressources d’enseignants, qui peuvent être consultés par élèves. Il y aura quatre piliers : l’hébergement de vidéos, la fabrication de questionnaires ou de quizz, des mini sites et un espace social avec un forum. On y ajoutera une fonctionnalité pour rencontrer des enseignants sur la base d’intérêts communs pédagogiques, disciplinaires ou géographiques, afin de favoriser la formation entre pairs et le développement de liens professionnels entre enseignants. Là non plus, cette plateforme ne sera pas restreinte à la classe inversée.

CLIP est développée grâce à un partenariat avec 42 (anciennement école 42), et sera une plateforme open-source, gratuite et sans publicité. Nous sommes à la recherche de financements mais nous considérons que ce projet relève du bien public et gardons l’ambition que ça reste gratuit.

Propos recueillis par Cécile Blanchard