Les Cahiers pédagogiques sont une revue associative qui vit de ses abonnements et ventes au numéro.
Pensez à vous abonner sur notre librairie en ligne, c’est grâce à cela que nous tenons bon !

Tout nouveau, tout beau ?

Le programme d’informatique et sciences du numérique semble entièrement nouveau, par ses contenus et par l’approche « pédagogie de projet » pluridisciplinaire qu’il développe.Comment vivez-vous cette nouveauté ? Les contenus vous ont-ils demandé un apprentissage ?

Oui bien sûr ! Le contenu de ce nouvel enseignement est très vaste. Je pense que l’on peut même parler de transversalité. Dans les sciences du numérique, on parle aussi bien du transistor, composant élémentaire de l’ordinateur, que de programmation dans des langages évolués ou de manipulation de réseaux ou de robots. Un champ de connaissances et de notions aussi large est peu fréquent.

La formation mise en place suffit-elle de ce point de vue ?

Elle est en tout cas conséquente. Dans notre académie, on dépasse les vingt journées de formation, réparties sur deux années. Les contenus sont parfois assez pointus. Les formateurs nous ont indiqués qu’ils nous proposent l’équivalent de ce qu’ils font avec leurs étudiants à l’université, sur deux années à temps plein ! Bien sûr, en ce qui nous concerne, il n’est pas question de devenir spécialistes dans tous les domaines rencontrés, mais il est bon d’avoir fait un tour d’horizon pour savoir de quoi l’on parle.

Des pratiques pédagogiques par projets faisaient-elles partie de votre répertoire d’enseignement ?

En tant qu’enseignant de mathématiques, je n’ai pas vraiment été habitué à mener une pédagogie par projet. Par contre, notre enseignement s’appuie beaucoup sur la résolution de problèmes, ce qui est somme toute un peu la même philosophie. Avec aussi un peu de pratique des TPE (travaux pratiques encadrés) de 1re, l’adaptation ne devrait pas poser de problème.

Ce programme vous semble-t-il correspondre à ses ambitions ?

Au vu des notions abordées, le programme semble à première vue très ambitieux. Mais en fait, nous n’avons pas besoin d’approfondir les notions abordées. Il est simplement question d’une introduction au monde du numérique. L’objectif est de faire comprendre aux élèves les enjeux de ce nouveau monde dans lequel ils évoluent. Je trouve que c’est bien !

Est-ce compatible avec les élèves et leurs acquis ? Faisable ?

Les acquis ? On reprend tout depuis le début ! À priori, il semble faisable, mais on verra à la fin de l’année ce qu’il restera avec nos élèves.

Comment crée-t-on à partir de rien, une progression, un cours, des activités ? Avez-vous l’impression de tout inventer ?

Inventer n’est pas le mot. On cherche plutôt à bâtir autour de notions classiques. Heureusement, les échanges fonctionnent. Le manuel[[Il n’y en a qu’un actuellement, écrit par les concepteurs du programme.]] est un soutien intéressant, même si l’on reste pour l’instant assez distant. Les documents d’accompagnement donnent de bonnes idées, mais il faut adapter beaucoup de choses pour notre public. Des sites comme le « silo » sont aussi des alliés intéressants. Finalement, le problème n’est pas le manque de ressources, mais plutôt le risque de s’éparpiller parmi les nombreuses contributions.

Pensez-vous que ce programme crée une façon de faire notre métier différente de ce qui existe avec des programmes classiques ?

Oui ! À mon sens, c’est très différent. Je ne peux pas encore être très précis pour décrire ces différences, mais on les ressent au quotidien, par exemple dans la façon d’évaluer les élèves.

Faites-vous des compromis, ou vous efforcez-vous de suivre le programme à la lettre ?

On suit le programme au plus près, mais il est rédigé de telle sorte que l’on dispose d’une bonne marge de manœuvre, ce qui nous permet de coller à notre public.

Quelles ont été, à votre avis, les motivations des élèves pour venir dans cette spécialité ?

Malheureusement, pour beaucoup d’entre eux, c’est un raisonnement par élimination qui les a conduits dans cette spécialité. Le deuxième facteur a été la publicité. L’année passée, on n’a pas pu intervenir de la même façon dans toutes les 1res, et comme prévu, ce sont celles où l’on a le plus insisté qui ont fourni le plus d’élèves. Ceux qui sont venus dans cette spécialité par vocation ne sont pas majoritaires. Mais cela peut changer au cours du temps.

Sont-ils de ce point de vue contents ou déçus ?

Pour l’instant, on ne les a pas trop brusqués, ils sont par conséquent plutôt satisfaits de leur choix.

Avez-vous des élèves qui connaissaient déjà, par curiosité personnelle et apprentissage informel, une partie de ce que vous leur apprenez ?

Non, pas vraiment dans notre groupe, mais c’est arrivé dans d’autres centres. Par contre, cela se résume souvent à une connaissance technique d’un certain domaine assez particulier. Du coup, il y a quand même beaucoup de nouveauté.

Olivier Brebant
Professeur de maths, informatique et sciences du numérique en lycée à Vitrolles
Propos recueillis par Françoise Colsaët