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Rennes – Favoriser les cohérences éducatives

En 2002 la Ville a impulsé et accompagné le projet d’une école rennaise (Sonia Delaunay), qui a bénéficié de rythmes scolaires spécifiques par rapport aux autres écoles rennaises tant concernant la journée (avec une pause méridienne élargie), la semaine (mercredi matin travaillé) et l’année (respect du rythme 7 semaines de classe, 2 semaines de congés). L’action globale d’aménagement des temps de l’enfant dans cette école pilote a été suivie et évaluée très positivement par l’équipe de recherche de François Testu, notamment sur la question des durées de sommeil des enfants concernés.

Débat et résistances

En vue d’impulser de nouveaux projets et de pérenniser celui de Sonia Delaunay, la ville a initié en 2005, une enquête auprès des familles rennaises intitulée « rythmes de vie et rythmes scolaires ». Un grand débat mobilisateur a dès lors été impulsé, permettant d’auditer de nombreuses associations, les parents d’élèves, et les institutions concernées. Des résistances à des évolutions ont été largement exprimées, à la fois de la part des parents et des associations socioéducatives.
L’Inspection d’académie de son côté a demandé, à l’échelle départementale, aux conseils d’école de prendre position sur cette question. Une majorité d’entre eux s’est déclarée favorable au maintien de la semaine de 4 jours. Les réflexions initiées n’ont donc pas pu déboucher sur des évolutions.
À l’issue de ces discussions, la ville a continué de soutenir l’expérience de Sonia Delaunay et à développer le contenu de son projet éducatif des accueils sur les temps libres de l’enfant pour favoriser les cohérences éducatives.
À la rentrée 2008/2009 avec la mise en œuvre du nouveau calendrier national, l’implication des rythmes scolaires sur l’aménagement global du temps de l’enfant est redevenue un enjeu particulièrement fort. Rennes a exprimé au niveau national et aux côtés de nombreuses autres municipalités son opposition à ces nouvelles modalités. Elle regrettait la réduction pour tous du service public d’éducation. Elle s’insurgeait aussi sur le fait qu’en dépit des nombreuses études effectuées sur les capacités d’apprentissage des enfants, la mise en place de l’aide personnalisée alourdisse encore pour le plus en difficulté la journée travaillée.
Le nouveau calendrier a cependant été mis en place à Rennes comme ailleurs, et ceci, dans des conditions précipitées et complexes. Le projet pilote de Sonia Delaunay a été à cette occasion remis en cause et a dû être interrompu.

Des actions sur le temps périscolaire

Dès 2009 nous avons constaté que les inquiétudes exprimées étaient bien fondées. Même l’Inspection académique constate que, quelle que soit sa place dans la journée, l’aide personnalisée « complexifie l’organisation des activités et alourdit le travail des élèves les plus fragiles ».
La Ville a proposé d’accompagner dans leur réflexion, les conseils d’écoles qui seraient volontaires pour travailler sur les rythmes scolaires en concertation avec l’ensemble des acteurs éducatifs.
Quatre écoles rennaises se sont manifestées pour bénéficier de cet accompagnement, mais une seule école (le GS Trégain) a voté favorablement pour une organisation sur 4 jours et demi (avec classe le mercredi matin). L’inspecteur d’Académie a donné son accord à ce rythme dérogatoire pour trois années à partir de 2009-2010.
Dans ces conditions, la Ville de Rennes constate que les résistances et les freins aux changements ne permettront pas localement l’adoption d’autres rythmes scolaires. Le souhait de la Ville de Rennes est donc l’adoption d’une réforme nationale prenant en compte la position de l’Académie de médecine, les résultats des recherches, les expériences des villes, mais qui donnerait localement aux collectivités le temps de son appropriation pour sa mise en œuvre.
Parallèlement, la Ville de Rennes, en tant que Ville éducatrice, attache un intérêt particulier à la question de la continuité éducative et est particulièrement attentive à une offre adaptée aux besoins des enfants sur ses temps libres de l’enfant, notamment sur les temps péri et extra scolaires.
La Ville s’est investie dans une démarche de professionnalisation des agents intervenant auprès des enfants, via la création de 40 postes d’adjoints d’animation (un poste dans chaque groupe scolaire) et de deux animateurs territoriaux. Cette démarche se poursuit aujourd’hui avec la volonté de créer 40 nouveaux postes d’animateurs afin d’améliorer la qualité de l’accueil auprès des enfants et des familles.
Les temps du midi en élémentaire bénéficient d’une attention particulière. Déclarés centre de loisirs, ils bénéficient d’un encadrement conséquent : 40 adjoints d’animation et 400 animateurs encadrent les enfants sur la pause méridienne en leur offrant la possibilité de participer à diverses activités culturelles, sportives, artistiques… Un partenariat avec le monde associatif permet de compléter l’offre par des ateliers spécifiques proposés sur le temps du midi ou sur l’accueil du soir.
Des accueils matin et soir sont ouverts sur chacun des groupes scolaires avec une large amplitude et une souplesse pour répondre au mieux aux besoins des familles et des enfants.
Les responsables animation sur les écoles, en travaillant avec les équipes enseignantes, veillent à la cohérence entre temps scolaire et non scolaire.
Le nouveau projet éducatif des accueils de loisirs, voté en juillet 2009, a permis, en retravaillant l’organisation, de mieux prendre en compte l’âge et le rythme des enfants : priorité à la proximité et la sécurité pour les plus petits ; à l’autonomie et la prise de responsabilité pour les plus grands. Cela s’est traduit par un accueil pour les enfants de maternelle et de CP dans 23 petits centres de loisirs de quartier et un accueil pour les élémentaires au-delà du CP dans deux plus grands centres plus adaptés à leurs besoins de découverte et d’espace.
Une attention toute particulière a été portée aux plus petits de 2 à 4 ans pendant l’été. Accueillis jusqu’en 2009 avec l’ensemble des maternels, ils sont depuis l’an dernier reçus dans des centres petite enfance créés spécifiquement au sein des écoles afin de répondre au mieux des besoins des enfants de cette tranche d’âge. On y développe la pédagogie « interactive » en lien avec les crèches municipales qui ont initié cette pratique.
Le développement des pratiques culturelles dans les accueils municipaux est une priorité. Des parcours culturels sont proposés en lien avec les équipements municipaux et associatifs (Conservatoire, Opéra, musées, bibliothèques, artistes, théâtres…). La sensibilisation au développement durable est une autre priorité qui est déclinée au sein des accueils de loisirs grâce aux ressources internes et à la collaboration avec les associations.
Une tarification différenciée selon les ressources des familles permet de rendre accessibles les accueils au plus grand nombre.
Une démarche qualitative a été entreprise avec l’ensemble du personnel d’animation pour améliorer les projets pédagogiques en vue d’une plus grande cohérence dans les pratiques sur l’ensemble du territoire. La qualité de l’accueil (enfants et parents), des activités, de la vie quotidienne est un objectif qui est travaillé et évalué en commun afin de diffuser et de mutualiser les bonnes pratiques.

Clémence Duru
Directrice Éducation Enfance ,Ville de Rennes