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« Un sang impur… », oui mais lequel ?

Et si le « sang impur » de notre hymne national n’était pas celui que l’on croit ? Certains pensent, comme moi, mais sans preuve, que ce sang n’est pas celui de l’ennemi, le sang pur des exilés, sang bleu de la couleur dont on revêtait les fauteuils des opéras de l’Ancien Régime ; non, c’est le nôtre, celui du peuple, et le rouge domina dans les salles de spectacle. Donnons notre sang pour la patrie ! À l’époque, c’était révolutionnaire : ce n’était ni pour le roi, ni pour Dieu. La Marseillaise n’est pas un chant guerrier mais un chant de défense face à l’ennemi de classe.

Allons plus loin. La Marseillaise porte en elle ce qu’elle est. Sa structure rejoint celle de « La Carmagnole », autrement dit un chant populaire à couplets et refrain. Le grand Mozart utilise cette forme pour le chant des gens : Papageno, Leporello ou Zerline, etc. Donna Anna, elle, utilise une forme noble, l’aria da capo, et don Giovanni, celui qui transgresse, ni l’une ni l’autre. La Marseillaise est facile à retenir, tout se répète, tout s’enchaine ; le couplet est ouvert et oblige à chanter le refrain, génialement entrainant ! Le peuple chante.

Ce peuple, La Marseillaise permet de l’identifier tout de suite : c’est nous. Mes copains irlandais (donc des chanteurs, allez dans les pubs) la connaissent par cœur et l’admirent ; ils la considèrent comme un chant d’espoir. Un seul reproche, sa tessiture un peu ample, mais bon, il suffit de s’époumoner et tout le monde s’en sort.

Les hymnes nationaux qui me font autant d’effet sont ceux du Pays de Galles et de l’Écosse. Comme La Marseillaise, ils donnent à voir les pays, leurs paysages et leurs peuples, notre histoire universelle. L’hymne anglais aussi n’est pas mal, surtout si on se plait à croire, comme l’affirmait Berlioz, que c’est un Français, Lully (d’origine florentine), qui le composa.

Certains, des poètes, voudraient voir disparaître ce sang impur et sa violence. Mais d’autres, des forces réactionnaires, souhaitent voir les avancées de la Révolution s’évanouir tout à fait, les mêmes qui finissent de remettre en cause les acquis formidables du Conseil National de la Résistance d’après guerre. Le combat n’est pas fini, il est même d’actualité.

Donc, pour moi, c’est simple : gardons La Marseillaise et son « sang impur », encore et toujours, soyons fiers de ce qu’elle représente et de ce à quoi elle renvoie !

Jean-Charles Léon
Professeur d’éducation musicale