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Des espoirs du virtuel aux défis du réel
Depuis quelques années, on voit s’organiser des initiatives pédagogiques dont l’existence semble directement liée au numérique, que l’on parle de dispositifs d’évaluation par compétences, de pédagogie inversée, d’apprentissage participatif de l’orthographe, d’éducation civique, de programmation informatique, d’ateliers d’écritures, de défis mathématiques, etc. Nous avons proposé, dès l’appel à contribution de ce dossier, de rassembler sous le vocable de «collectifs enseignants connectés» (CEC) ces initiatives de praticiennes et praticiens qui s’organisent et organisent la diffusion et la promotion de séquences ou de modèles d’actions pédagogiques.
Mais quelle est la légitimité, la robustesse de cette proposition ? L’expression «collectif enseignant connecté» a-t-elle un sens ? Peut-on justifier d’unifier sous un même nom un ensemble d’initiatives dont les objets et objectifs sont aussi divers que les supports numériques auxquels elles font appel ? Et si ce rassemblement est pertinent, quels seraient alors les aspects remarquables et communs de ces collectifs ?
Par ailleurs, leur caractère numérique et connecté permet-il véritablement des fonctionnements et pratiques collaboratives qui méritent qu’on les différencie de ce qui se faisait auparavant ? De même pour les pratiques pédagogiques portées par ces groupes d’enseignants : sont-elles aussi innovantes que la connexion qui les porte ?
Notre souhait avec ce dossier a donc été de donner la parole à tous les acteurs qui pourraient nous aider nous, mais aussi vous lecteurs, à obtenir un éclairage sur l’ensemble de ces questions.
Nous avons ainsi la chance d’accueillir, réparties dans les différentes parties du dossier, les paroles directes de praticiennes et praticiens engagés dans une grande variété de collectifs (parmi lesquelles les C2C, Inversons la classe, la @SuperTeamCP, Twoulipo ou Twictée). Témoins des dynamiques à l’origine de ces regroupements, des actions menées et des supports numériques impliqués, ils sont aux premières loges pour préciser ce qui caractérise, selon eux, ces initiatives et les raisons qui les incitent à y prendre part.
À ce premier regard descriptif s’ajoute un deuxième, plus analytique, qui tente, en différents lieux de ces quelques pages, de décrire les enjeux les plus saillants que ces collectifs laissent émerger, leur place plus ou moins institutionnelle dans la formation continue des enseignants, leur impact sur l’identité professionnelle des collègues ou encore sur le fonctionnement même de l’institution.
Enfin, plusieurs chercheurs ont accepté de partager leurs réflexions ; tantôt du point de vue de leur expérience, sous forme de regards sur les textes ou la thématique de ce dossier, tantôt sous forme de résultats de leurs propres travaux.
Le tout nous semble presque satisfaire notre objectif. «Presque», parce que recueillir l’hétérogénéité des angles de vue sur le sujet aurait requis un plus grand nombre de voix discordantes, voire dissidentes quant à ces initiatives dont l’innovation revendiquée peut questionner et agacer. Nous remercions donc particulièrement les quelques auteurs qui ont accepté de se prêter à cet exercice du contrepoint.
En somme, l’ensemble de ces contributions nous laisse, en tant que coordinateurs de ce dossier, une image foisonnante et extrêmement stimulante. Quelle que soit l’action, quel que soit le média numérique, l’énergie qui s’en dégage est communicative et nous espérons que celle-ci stimulera votre réflexion, qu’elle soit en faveur, en doute ou en défi, quant à la place à accorder à ces collectifs enseignants connectés et à l’ensemble des initiatives, projets et travaux que l’on souhaite lui faire désigner et dont vous allez lire les échos ici.
Régis Forgione
Professeur des écoles, Moselle
Fabien Hobart
Enseignant spécialisé, Centre de recherches interdisciplinaires
Jean-Philippe Maitre
Conseiller pédagogique, université de Lausanne
