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Pour que l’égalité ne soit pas qu’un slogan
Il y a, à l’horizon, le sourire et la fierté d’Alia, Baris, Jade, Vinto, qui peuvent affirmer : « Je parle français. »
C’est cet horizon-là, dans leurs yeux et ceux de leurs parents, qui va leur faire soulever des montagnes et leur donner, à eux et à leurs enseignants, la ténacité nécessaire. Il est vrai que des montagnes, ils en ont, sinon soulevé, du moins traversé, et bien d’autres obstacles, ces enfants et adolescents venus d’ailleurs.
En France, le système scolaire prévoit justement pour eux des dispositifs adaptés aux divers âges, des UPE2A, unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants, mais aussi une inclusion dans des classes ordinaires. Pour y accéder, ce n’est bien sûr pas si simple. Il faut passer le plus souvent par l’« épreuve du labyrinthe », cette succession de problèmes à résoudre pour le jeune et sa famille, s’il en a une en arrivant. Comprendre à peu près le rôle des différents services et institutions et leurs personnels, accepter des fonctionnements qui paraissent étranges, attendre, attendre, ou parfois se hâter, se désoler et se réjouir, ou l’inverse.
Une fois dans l’école, comment Alia, Baris, Jade, Vinto, sont-ils accompagnés ? Et que peuvent faire enseignants et personnels pour que leur parcours soit celui d’une inclusion réussie ?
C’est à ces questions que les Cahiers pédagogiques apportent quelques réponses, dont le présent Petit Cahier propose un florilège, avec des contributions venues des classes d’UPE2A mais aussi de classes ordinaires, car les enseignants s’y sentent souvent, à juste titre, démunis. Ainsi, pas de contes de fées ni d’ignorance des difficultés, mais la volonté de faire au mieux pour prendre en compte les particularités des élèves allophones.
Réaffirmons d’abord, avec la première contribution, que ces élèves scolarisés en unité spécialisée (UPE2A) sont d’abord ceux de la classe « ordinaire » où ils sont inscrits officiellement ; mais cette belle déclaration ne vaut que si une prise en charge d’équipe se met en place entre l’enseignant d’UPE2A et ses collègues, dont il devient aussi, dans une certaine mesure, le formateur. Dans cet esprit, une documentaliste explique comment repenser des séances de 6e au CDI sur les compétences documentaires pour prendre en compte les difficultés d’Abdelkader et Raïs, récemment arrivés en France, à l’écrit.
Cet effort de différenciation, indispensable en classe d’accueil, vaut pour les autres classes et les autres disciplines : c’est ce que développe une enseignante au sujet de la compréhension des consignes, et un autre pour le cas particulier des mathématiques : les difficultés de tel enfant sont-elles dues à la langue spécifique à cette discipline ou à un manque de prérequis ? Pas simple !
Le numérique peut bien sûr être d’une aide précieuse : une enseignante d’UPE2A se sert de tablettes numériques pour que les élèves produisent des textes et petits livres parlés et illustrés, que l’enseignant de la classe ordinaire utilise aussi. Des productions transmises aux familles, qui peuvent les enrichir de versions dans leur langue d’origine.
Et puis, on ne serait pas aux Cahiers si on ne proposait pas ici aussi de mettre en route des dispositifs de coopération entre élèves, dans ces classes accueillant des enfants allophones. Trop ambitieux pour les élèves allophones ? Au contraire, dit cette enseignante : la richesse des échanges entre élèves est un grand accélérateur d’apprentissages.