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Longue vie à l’école rurale !

L’idée est venue, après un colloque organisé par un syndicat (le SNUIPP) à Guéret sur le thème de l’école rurale. Le CRAP-Cahiers pédagogiques, invité, m’y délègue, à la suite des intéressants débats qui s’y déroulent, décision est prise de mettre sur pied un Cahier.

Comme toujours, il est plus difficile de faire écrire les acteurs que les chercheurs, mais, après maints efforts, nous y sommes en partie parvenus et nous remercions tous ceux qui ont bien voulu contribuer à ce numéro, dont nous espérons que chacun verra l’actualité, à un moment où on parle beaucoup de l’aménagement du territoire et de la nécessité de sauvegarder notre patrimoine face aux menaces qui pèsent sur lui.

Mais il nous faut d’abord comprendre d’où vient ce monde rural.

Depuis 1950, où les campagnes représentaient 40 % de la population française, de nombreuses crises sont venues bouleverser ces territoires. Dans les campagnes d’aujourd’hui se juxtaposent des espaces agricoles, des espaces résidentiels (dus à l’étalement des villes) mais aussi des espaces industrialisés (décentralisation), etc. De ce fait, le concept de ruralité nécessite une définition, car il ne se rapporte plus seulement au monde des agriculteurs.

L’enseignement, dans ce milieu, n’a pas échappé aux crises ; fortement remis en question dans les années quatre-vingt-dix, la publication d’études (DEP, IREDU) a alors démontré l’efficacité des petites structures scolaires.

Dans une première partie, des éléments historiques, géographiques, sociaux, éducatifs permettent de dresser un constat, de mettre en évidence les insuffisances mais aussi les points de réussite de ce milieu.

Toutes ces particularités ont poussé le monde éducatif à créer des dispositifs spécifiques pour enseigner dans ce milieu, dispositifs souvent pensés pour rompre l’isolement, pour pallier l’éloignement, de diverses façons :

Par l’utilisation des ressources humaines et matérielles.
Ainsi, la formule  » d’équipe mobile académique de liaison et d’animation » (ÉMALA) se développe à partir de 1984 : professeurs voyageurs qui assurent des animations préparées et prolongées avec le professeur d’école.
L’utilisation des nouvelles technologies : la mise en réseaux, l’introduction de l’Internet permet le lien pédagogique avec les autres écoles, qu’elles soient proches (projet départemental) ou au contraire très éloignées (projet international).

Par les regroupements d’écoles et les ramassages scolaires.
Les RPI (regroupements pédagogiques intercommunaux) définis dans une circulaire de 1984 ont été pour certains une façon de sauver des écoles et de créer une équipe pédagogique.
Parallèlement, les coûts d’un établissement doivent être pensés globalement : maintenir une école à faible effectif représente une dépense en salaire et en entretien occasionné au ministère, la fermer implique des dépenses de ramassage scolaire au conseil régional et de la fatigue pour l’enfant.

Par la liaison avec le territoire.
Les écoles, les collèges et les lycées constituent un réseau de formation disséminé dans le milieu rural. L’avenir du territoire réside, pour une partie, dans ces établissements. Une école fermée, c’est souvent un village qui disparaît.
Des initiatives ont été menées, elles associent souvent le monde de l’éducation et les autorités locales. Elles ont permis d’ouvrir les jeunes à la société et à la vie locale.

À travers toutes ces initiatives, et les différents témoignages parsemés dans ce numéro, on perçoit la volonté de conserver la richesse que représente  » ce réseau de vie » dans les campagnes. L’école en milieu rural, qui se bat pour continuer à exister et qui déborde de projets, ne serait-elle pas l’école de l’avenir ?

Marie-Hélène Chauvat-Pouget, Professeur au collège de Bourganeuf. Correspondante académique du CRAP-Cahiers pédagogiques dans l’Académie de Limoges.