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Les images ne parlent pas d’elles-mêmes…
Il n’y a pas si longtemps, quand l’écolier se doublait d’un enfant sage – « sage comme une image » disait-on – l’institutrice se fendait d’un petit carton rectangulaire joliment coloré : cadeau somptueux, belle image triomphalement rapportée à la maison.
Nous voilà déjà au cœur du sujet : nous sommes passés d’un temps où l’image était rare et précieuse à une époque où l’image est omniprésente. Fixes (photo, dessin, illustration), animées (cinéma, vidéo) ou numériques (Internet, infographisme), les images nous informent, nous font rêver, nous instruisent ; mais parfois nous trompent ou nous manipulent. Cette « trahison des images », pour reprendre le terme d’Alain Korkos, rend plus que jamais indispensable une « culture des images » à l’école.
Dans ce dossier, nous ouvrirons d’abord la « boîte aux images » et nous essaierons d’en saisir les multiples significations. Sur les murs ou les écrans, dans la presse ou dans la classe : quelles en sont les intentions, comment la décrypter, quelle crédibilité leur accorder ?
Nous ouvrirons aussi les portes de la classe : en maths, en musique, en éducation civique, à l’école élémentaire comme au lycée professionnel, l’image accompagne les apprentissages et contribue au développement des compétences. Il faut parfois vaincre des résistances, surmonter nos propres réticences d’enseignants devant l’image télévisée : la création vidéo se retrouve alors au cœur d’un projet. Les Tice trouvent évidemment une place privilégiée dans cette partie.
Le temps d’un « intermezzo », nous sommes allés à la rencontre de Serge Tisseron, que l’on connaît pour son travail de psychanalyste sur l’image. Ce spécialiste de… Tintin, nous invite à réfléchir sur le pouvoir nouveau qui est donné aux jeunes de devenir producteurs et non plus seulement consommateurs d’images grâce à la « révolution numérique ».
La dernière partie s’attache à analyser la présence transversale, interdisciplinaire de l’image pour « construire des regards ». Il y est question de lecture : Pierre Madiot posant la question des analogies entre lecture de texte et lecture d’image, mais aussi de perception, de paroles et d’imaginaire. Du côté des lettres et de la peinture, Marie-Sylvie Claude et Geneviève Di Rosa nous invitent au « vaste dialogue des peintres et des littérateurs » alors que Bénédicte Parmentier nous montre comment une séquence autour du tableau de Chardin « La Raie » a « nourri le regard qui a perdu en perception et gagné en créativité ». Du côté des albums de littérature jeunesse, Sophie Van der Linden explique de quelle manière un album sans texte devient un formidable support de formation à la lecture. C’est encore un dispositif infographique original où les élèves sont d’abord amenés à parler les images. Cette mise en mots, indispensable à l’expression et à la construction des regards, trouve avec la télévision un véritable « tremplin vers le langage » que Françoise Soury-Ligier invite à faire entrer dans les classes. Nous terminons enfin avec cet autre miroir que Laure Laborde promène dans une ville photographiée, renvoyant le reflet éclairé de ce que nous vivons et de ce que nous sommes.
François Malliet, professeur des écoles.
Jacques Tenier, professeur de mathématiques.
À Cachan, « Belle Image » est le joli nom d’un petit groupe scolaire dont le gymnase, pendant l’été 2006, a abrité les 200 expulsés d’un squat de la ville.