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Cachez ces chiffres que je ne saurais voir !

L’algorithme de Parcoursup et 30 000 stages de 3e vont-ils réellement sauver le monde, ou en tout cas les jeunes à la recherche de leur voie ? Il y a de quoi être perplexe.

On a parfois cette sensation que, dans le discours ambiant (peut-on raisonnablement écrire «débat» ?), les sujets et questions du moment sont presque exclusivement envisagés sous l’angle de l’argent et des données chiffrées. Comme s’il n’y avait pas d’horizon, pas de projet politique au sens noble, rien qui fasse l’objet d’un débat.

Témoin, la bataille de chiffres entre Gouvernement et opposants autour de Parcoursup, qui résume les enjeux de l’orientation et du choix des études des futurs bacheliers aux résultats obtenus par un algorithme. Et les 30 000 stages de 3e, donc, unique mesure sur l’éducation annoncée par Emmanuel Macron lors de son discours sur «les banlieues», intéressante au demeurant mais pas nouvelle. Tout cela ne dit rien de la nécessaire éducation à l’orientation ni des questions de société en jeu, dont la reproduction sociale ou les nécessités économiques.

Autre exemple, et pour ne parler que d’école, la Cour des comptes qui veut systématiser les évaluations standardisées pour remédier à l’absence de prise en compte par le système éducatif français des résultats des évaluations, confondant ainsi diagnostic et traitement. Les éléments du diagnostic existent déjà, nombreux (qu’on songe à la DEPP, au Cnesco, aux inspections générales, à PISA et autres enquêtes internationales), parfois déjà anciens et souvent répétés. Ce qui manque, c’est que l’on en tire les leçons.

Tout serait donc simple en matière d’éducation, car quantifiable, chiffré, précis, donc forcément objectif. N’ayez pas peur, il n’y a là que mesures techniques, de bon sens et éprouvées par la science et de longues années de pratique. Pas d’idéologie, seulement l’assurance qu’il n’y a qu’une seule voie possible, une seule méthode qui marche. «Il n’y a pas d’alternative.» Margaret Thatcher et les «bonnes vieilles méthodes» seraient donc le «nouveau monde» ?

«Cours camarade, le vieux monde est derrière toi !» D’accord, mais dans quelle direction ?