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Faire fleurir le désert

Ouverts par George Pau-Langevin et Guillaume Balas, les travaux ont eu la grande originalité de donner la parole tant aux usagers qu’aux professionnels, aux chercheurs et à un grand panel des partenaires impliqués dans une coopération constante avec École et Famille depuis plus de dix ans.
À la demande de l’association, fondée en 1999, une équipe de chercheurs a conduit ces deux dernières années une évaluation de l’action[[Grâce à un financement de la Fondation de France.]] menée depuis la fondation de l’association. Participation à plus de 200 réunions, conduite de soixante-dix entretiens : de quoi fournir un corpus conséquent pour restituer des résultats significatifs en direction des professionnels, des usagers et des partenaires de l’association. Qu’en ressort-il ? Plusieurs messages forts ont parcouru ces deux journées :
Les situations problématiques marquées par la complexité ne peuvent se résoudre si les acteurs concernés travaillent de façon cloisonnée. La coopération de professionnels d’horizons divers est indispensable pour sortir des « jeux bloqués ». Dans cette perspective, la mise en réseaux et le travail de coopération entre les différents acteurs de la famille, de l’école et du quartier, impulsés par École et Famille, ont été largement soulignés et valorisés.
La « clinique de concertation[[Fondée sur la thérapie familiale contextuelle initiée par Böszörményi Nagy.]] », méthodologie de travail utilisée par l’association, modifie les rapports entre les professionnels et les usagers, et ce changement de posture redonne aux acteurs du pouvoir d’agir. L’approche repose sur la conviction forte que chaque personne en souffrance possède les ressources pour apporter ses propres solutions à ses difficultés. Les professionnels (enseignants, travailleurs sociaux, soignants) n’ont pas le monopole de l’expertise : elle émane de regards croisés d’acteurs diversement situés et se coélabore au travers des échanges et du travail de concertation. De nombreux praticiens présents ont dit combien cette façon de travailler avait bouleversé leur pratique.
Les deux tables rondes qui ont conclu chacune des journées ont été particulièrement révélatrices des liens que l’association École et Famille, sous l’impulsion de sa fondatrice Marie-Claire Michaud et de son équipe, a su tisser au fil de ces douze années d’existence avec son environnement associatif, politique, professionnel.
Un vrai moment d’émotion a parcouru la salle lorsque Famara Diedhiou, un parent relai d’origine sénégalaise a dit, en pleurant, sa fierté d’être à la tribune et son désarroi face au rapport que certains entretiennent avec l’école en France : « Dans mon pays, il faut attendre son tour (un an, deux ans) avant de pouvoir aller à l’école. » Et, ajoutait-il en direction des acteurs de l’école : « Acceptez de ne pas juger les difficultés des enfants et des familles. »
Bruno Tardieu, dernier participant de la table ronde à prendre la parole, invitait avec force à « dépasser la posture professionnelle » car, selon lui, l’école ne pourra changer que par « une mobilisation citoyenne ».