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Des projets pour apprendre

Écrire des contes et les publier sur le site web de l’école. Préparer une classe verte puis en rendre compte. Peindre une fresque géante sur le mur de la cour. Dans le cadre d’un jeu de simulation, réaliser une affiche pour « inviter des entreprises à venir s’installer dans notre quartier ». Concevoir une mini fusée et la lancer… Autant de projets, conduits au sein de la classe ou dans un cadre plus large, sous l’impulsion d’un enseignant ou de toute une équipe, avec ou sans le concours de partenaires extérieurs.

Quoi de commun entre ceux-ci ? Avoir un projet, c’est se projeter dans l’avenir, se fixer des buts pour agir. En s’attelant à une réalisation concrète, à une production fixée comme but, les élèves se trouvent confrontés à des problèmes, font des découvertes, effectuent les apprentissages nécessaires. Ils s’ouvrent au monde et à des pratiques sociales. Ils prennent confiance en eux et développent leur autonomie.

La démarche de projet va de pair aussi avec un engagement collectif – on travaille ensemble – et avec des enjeux culturels forts. Laissons la parole à Philippe Meirieu : « Loin du mythe de la classe homogène, mais loin, aussi, d’une juxtaposition d’individualités condamnées à s’ignorer, la classe doit permettre d’engager des projets communs dans lesquels chacune et chacun doit pouvoir s’impliquer. Ces projets, supportés par des finalités éducatives et des objectifs d’apprentissage, permettent de construire un cadre contenant et fédérateur ; ils sont d’autant plus mobilisateurs qu’ils ont un contenu culturel fort, doté d’un pouvoir d’interpellation anthropologique qui ne peut laisser aucun élève indifférent. Il peut s’agir d’un enjeu comme “l’entrée dans l’écrit socialisé”, avec un travail sur le rapport à la trace et au sens, sur la communication différée, sur l’expression de soi et la découverte de l’altérité, etc., comme il peut s’agir d’un projet scientifique ou artistique : l’important, ici, est d’intégrer les connaissances et les compétences à acquérir dans une perspective qui permette de les ressaisir, de les unifier et de se représenter aussi bien ce que tous pourront faire ensemble que ce que chacun pourra acquérir individuellement. »

Mais faire des projets ne va pas sans risques et les dérives possibles ont souvent été pointées. S’il est important que les élèves adhèrent au projet proposé par l’enseignant et le fasse leur, la place de l’enseignant reste centrale. C’est lui qui organise les espaces et les ressources. C’est lui qui veille à ce que les élèves ne se cantonnent pas à ce qu’ils savent déjà faire, dans une division du travail où seul compterait la production finale. C’est sur lui que repose l’explicitation des enjeux d’apprentissage, le retour réflexif sur l’activité permettant d’identifier ce qui a été appris et de passer à des savoirs génériques.

Dans leur diversité, les articles réunis ici illustrent les atouts et les risques des démarches de projet.

Jacques Crinon