Mars 1955
Le 12, Charlie Parker, surnommé « Bird », s’est éteint. Écoutez « Ornithology », le standard qu’il composa avec Benny Harris dans la version de 1946 puis dans la reprise en scat d’Ella Fitzgerald dans « How high the moon » (Ella in Berlin, 1960). Certes, c’est un peu tiré par les plumes, mais comment échapper au rapprochement avec les chants d’oiseaux que l’on entend en arrière-plan du dossier que vous avez entre les mains ? Le 15, les Cahiers pédagogiques publient le troisième dossier, depuis leur création, consacré à l’étude du milieu. C’est dire l’importance de ce thème pour les fondateurs des classes nouvelles et de la revue. Le dossier s’ouvre sur un florilège de textes de référence, de Michel Montaigne (1580) à Henri Lefebvre (1947), en passant par François Fénelon, Jean-Jacques Rousseau, Hippolyte Taine, Paul Vidal de La Blache, etc. On y lit la défense de l’étude du milieu dans la science, la littérature, les apprentissages. Ainsi ce précepte de Rousseau : « En général, ne substituez jamais le signe à la chose que quand il vous est impossible de la montrer ; car le signe absorbe l’attention de l’enfant et lui fait oublier la chose représentée. » (Émile ou De l’éducation, livre II). Nous reprenons ici de larges extraits d’un article d’Alfred Weiler, l’un des promoteurs de l’éducation nouvelle et des classes nouvelles à la Libération. Certes, l’étude du milieu n’était pas l’école dehors, mais le lecteur d’aujourd’hui retrouvera bien des idées et des arguments défendus dans le dossier de ce numéro. Le contexte a changé, bien sûr, l’entrée des auteurs de 1955 par la dimension sociale du milieu a fait place à une entrée par la dimension environnementale, mais la volonté de les faire converger est partagée.
Yannick Méve