Septembre 1978. C’est la rentrée. Les abonnés aux Cahiers pédagogiques reçoivent le numéro 166 dont le dossier s’intitule « Apprendre sans cloison, expériences interdisciplinaires ». Comme toujours, il est le fruit d’une longue préparation et sa programmation n’est pas directement liée à l’actualité. Pourtant, comme souvent, il tombe à pic. En juillet, Jacques Feneuille, le conseiller du ministre Beullac, a signé une note sur l’abandon des 10 % et la nécessité de leur relance. Ses préoccupations sont politiques : contrôler la marge d’autonomie des établissements et desserrer « l’étau syndical » d’une part, et d’autre part, apprivoiser les revendications de prise en compte des cultures régionales en les plaçant dans la ligne engagée par la Mission à l’action culturelle en milieu scolaire dirigée par Jean-Claude Luc. Le débat sur l’interdisciplinarité qui avait été phagocyté par les enjeux de la réforme Habby est ainsi relancé dans de nouvelles dimensions. Le dossier des Cahiers pédagogiques, pour sa part, envisage la question du point de vue didactique, épistémologique et philosophique. Son coordonnateur, Gérad Fiot, ouvre le bal par un grand texte qui interroge l’interdisciplinarité, en discutant notamment les thèses d’Edgar Morin. Celui-ci vient de faire paraitre La méthode, tome 1, la nature de la nature. Les extraits que nous republions ici ne rendent pas totalement le foisonnement de la réflexion et des références de cet article, le découpage tend à en durcir le ton polémique et son détachement des récits de pratiques qui le suivaient contribue également aujourd’hui à lui donner une étrangeté que, je l’espère, nos lecteurs gouteront. D’autant qu’il s’insère dans les débats qu’engage le dossier du numéro qu’ils ont entre les mains. Cet anachronisme est la raison d’être de la rubrique « Depuis le temps ».