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Voyage au cœur de la pratique enseignante

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Voilà un livre consacré à l’innovation pédagogique qui pourrait bien appartenir à une nouvelle génération, une génération de troisième type. Son auteur n’est pas l’un des défricheurs de l’innovation, même si elle en partage à son tour les espérances et les objectifs ; elle n’est pas non plus du côté de ceux – ce sont quelquefois les mêmes – qui ont dû réviser leurs enthousiasmes face à la résistance et aux persistances des difficultés de la pratique. Non, Solveig Fernagu-Oudet est de cette génération pour laquelle l’hétérogénéité des classes et la difficulté d’enseigner sont en quelque sorte l’état normal du monde scolaire ; même s’ils recouvrent une souffrance qui engage l’auteur à la recherche d’une  » meilleure santé pédagogique  » (p. 133).  » Il y a trente ans l’enseignement secondaire ne s’adressait qu’à 30 % des jeunes, préparés et motivés pour accéder au savoir, note-t-elle d’entrée. Ce n’est plus le cas  » (p. 19). Cette déclaration liminaire et un peu abrupte n’a d’autre fonction que de tourner la page, et d’installer le lecteur au cur de la nouvelle donne du métier d’enseignant.

L’auteur ne porte aucun jugement sur l’état des choses :  » Elles sont là, et il faut apprendre à les gérer « . Et en référence aux analyses de Meirieu, Develay, Perrenoud, elle rappelle que  » le métier d’enseignant s’apprend « . À côté du fait de l’hétérogénéité, le développement des sciences de l’éducation est un autre fait de l’état des choses concernant l’école ; aux enseignants de s’en emparer, mais surtout à la formation d’en permettre l’appropriation.

Le voyage au cœur de la pratique enseignante auquel l’auteur convie le lecteur revisite dès lors les principales problématiques de la formation des enseignants, les résistances, les préjugés, les insuffisances de l’ingénierie. Mais l’auteur place surtout le centre de gravité de sa conception de la profession enseignante dans l’analyse des pratiques. Pour qu’un système de formation soit efficace et viable, il doit à la fois  » partir de ce que savent faire et de ce que font les enseignants  » (p. 111), et être  » une voie privilégiée de distanciation  » (p. 173).

L’auteur confie sa conviction  » qu’une formation à l’analyse des pratiques peut permettre une meilleure santé pédagogique, grâce à laquelle l’enseignant existera dans sa classe, au lieu d’y survivre « . On peut toutefois douter que ce qu’elle appelle une  » grammaire de l’action pédagogique  » y suffise, et lui rappeler ce qu’elle-même écrit justement :  » Le discours de l’éducation tient les enseignants plus qu’ils ne le tiennent  » (p. 87).

Alain Kerlan


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