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Violences corses

Comment ne pas se poser la question des actes de violence au quotidien, manifestation éclatante de  » dyscohérence  » entre l’éducation dite nationale et les conséquences qu’elle a sur la vie en société ? Passons sur les violences de certains agriculteurs acceptées sous le prétexte que les uns se défendent contre la  » mondialisation « , d’autres contre la baisse des aides à la surproduction, et peut-être demain contre l’exigence de qualité que les consommateurs réclament. Y a-t-il les mêmes réactions quand des bandes de jeunes de banlieues brûlent, cassent, envahissent les édifices publics parce que le racisme ordinaire les exclut de l’emploi, parce que leur non insertion dans le modèle social dominant les exclut de l’école et de la réussite ? Passons !

Attardons-nous sur un pays très proche de nous, où il est question d' » oppression, de groupe qui domine l’autre et le réduit à la violence « . Sommes-nous en Bosnie, en ex-Yougoslavie, au Timor ?

Non, c’est dans le beau pays de Corse.

Arrêtons-nous sur cette histoire d’un couple de Bretons,  » allogènes  » selon le communiqué d’une des courageuses armées de l’Île de beauté. Il s’est vu menacé, ligoté, séquestré dans sa voiture pendant que l’on détruisait tout son bien. Cette famille, faut-il le rappeler, est composée des deux parents et de deux enfants de quatorze ans et deux ans et demi. Pour bien se pénétrer du courage et de la justice de ce nettoyage exécuté par les dix hommes masqués, il suffit d’imaginer que cela arrive sur le continent. Comment qualifier ce groupe armé, cagoulé, qui fait de l’épuration ethnique en utilisant les procédés des milices paramilitaires ? Quelle différence entre les arguments nationalistes qu’ils avancent et ceux qui ont servi et servent encore de fondement à la discrimination ethnique et à toutes ses conséquences depuis les années trente jusqu’à nos jours ? Quelles que soient les raisons invoquées, ne voit-on pas qu’après l’intimidation, viennent les rétorsions puis les assassinats en attendant les épurations massives ?

Comment doit-on appeler le peuple corse qui tolère de tels actes ? Que pensent les éducateurs, les enseignants de l’Île de beauté ? Le nationalisme au relent nazi et xénophobe n’est-il pas quelque part un échec de la République française et de son école notamment ? Les discours sont bien beaux, toujours, lorsqu’il s’agit de brandir le respect des différences, des richesses locales et régionales comme par exemple le respect de la langue corse. Mais que disent les discoureurs lorsque de tels actes de violence se font sur la base d’un racisme purulent dont on ne comprend pas la cause ? Comment enseigne-t-on la citoyenneté dans les établissements scolaires corses ?

Que se passe-t-il en Corse ?

Alain Jailllet