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Vincent Peillon : « Le monde de l’éducation populaire est le premier des partenaires du ministère. »

Vincent Peillon, souvent lyrique et sans lire ses notes, est intervenu longuement en ouverture, évoquant aussi bien ses occasions de connaître Nantes et ses échanges tout récents, à Hambourg, avec l’ensemble des recteurs français et leurs homologues allemands. Il a rappelé d’emblée que l’éducation est “l’affaire de tous. Pas uniquement l’œuvre des fonctionnaires de l’Éducation nationale. (…) priou_chemin_2.jpg Le monde de l’éducation populaire est le premier des partenaires du ministère.” Refondation de l’école, nouveaux rythmes scolaires pour en finir avec la “maltraitance française” soulignée récemment par l’OCDE, réforme à venir l’an prochain du collège, mise en place des Éspé : il s’est présenté comme “confiant” et volontariste. (Même quand il croit sans doute un peu magiquement, sur ce dernier chantier, dans la collaboration entre universités et acteurs des anciens IUFM.)

 

Évidemment, c’est lorsqu’il insiste sur une “certaine idée de l’humanité qui habite l’action laïque, laquelle n’a pas d’autre credo que la liberté de conscience, pour que chacun puisse s’arracher à tous les déterminismes” et, plus encore, la co-éducation, comme axe principal de la refondation de l’école qu’il a été le plus applaudi. (Notre engagement crapiste, notamment au sein du CAPE, ne peut qu’en être satisfait.) En particulier lorsqu’il précise la nécessité de “changer les habitudes” pour “réconcilier l’école et la nation.”

 

vignes_en_bourgogne-2.jpgValérie Fourneyron, quant à elle, après un discours très précis autour de cinq engagements où elle a pu insister sur l’importance, (manifestée dans l’intitulé de son ministère) “des sports et de l’Éducation populaire”, a quitté la scène sur une standing ovation après avoir, en particulier, annoncé pour octobre, une loi sur la “sécurisation (des financements) entre les associations et les collectivités”.

Les tables rondes ont été brillamment animées — parfois au pied-levé — par Jean-Michel Djian (Paris 8 et France Culture). Impossible de rapporter la totalité des prises de paroles qui attestent de l’étendue et de la diversité des acteurs appartenant aux associations de la Ligue ou en lien avec elle. De Cynthia Fleury et Abdennour Bidar (philosophes) à Isabelle Autissier (WWF), Claire Heber-Suffrin (Réseaux réciproques d’échanges de savoirs) ou Carine Favier (Planning familial), — mais aussi un volontaire en service civique —, ­les propos, variés, portaient tous sur la nécessaire solidarité d’acteurs divers et insistaient sur le fait que les transformations réussies partaient de la base et non du sommet.

 

priou_chemin.jpgPour ma part, je retiendrai tout particulièrement les propos de Miguel Benasayag et ses déclarations stimulatrices et volontairement “impertinentes” lorsqu’il déclare qu’il “faut avoir le courage de regarder la complexité, refuser la certitude”, affirmer “la laïcité comme lieu où l’on admet que l’on ne sait pas” et prôner la multiplicité conflictuelle : “Celui avec qui je ne suis pas d’accord est nécessaire”. Sans doute s’en prend-il aussi un peu brutalement à la notion de compétence quand elle “démolit le monde au profit de l’utilitaire”, ou à l’école qui aurait “baissé les bras”, mais, quand il affirme que la “puissance est horizontale” et plutôt que de prêcher le “vivre ensemble” il s’agit de promouvoir le “construire ensemble”, il emmène assurément vers un horizon pas seulement utopique.

Des journées vraiment bien utiles donc, au final, et qui permettent de construire l’espoir puisque, comme le rappelait Vincent Peillon : “Il faut fatiguer le doute.” (Jaurès)

Guy Lavrilleux