Les Cahiers pédagogiques sont une revue associative qui vit de ses abonnements et ventes au numéro.
Pensez à vous abonner sur notre librairie en ligne, c’est grâce à cela que nous tenons bon !

Une consigne, ça va, deux consignes…

Avec les logiciels, on rencontre les problèmes de nombreuses consignes : trop vagues, parfois ambigües. Pour y remédier, nous avons opté pour le travail de groupes, mais ce n’est productif que sur le long terme, comme on va le voir avec ces deux récits d’utilisation des TICE.

Commencer par accéder au logiciel…

Nous utilisions le logiciel lectron dans le cadre de l’aide individualisée. Nous avons décidé de l’employer aussi pour travailler le vocabulaire dans le travail ordinaire de la classe, en commençant par un travail de groupe. La classe de CM2 a été divisée en neuf groupes de deux élèves qui travaillent sur des ordinateurs portables, pendant que le groupe de CE1 travaille en individuel sur les postes fixes.
La mise en route des ordinateurs fixes ne pose pas de difficulté. Par contre, celle des portables — configurés parait-il pour nous simplifier la tâche — est plus laborieuse. L’écran proposant le choix des classes provoque un concert d’appels à l’aide, malgré la consigne donnée avant de commencer (« Vous cliquez sur classe 1. »), et il est difficile d’être partout à la fois. Heureusement, la remplaçante rattachée à l’école était présente. Le lancement du logiciel se déroule sans incident majeur, mis à part quelques « doubles clics » intempestifs avec les portables : les enfants doivent se familiariser avec le pavé tactile qui tient lieu de souris !
La consigne de travail des CM2 est la suivante : « Choisissez une phrase, complétez-la avec un mot choisi dans la liste, et cliquez sur la définition du mot. » Ce qui ne va pas sans quelques difficultés : la consigne est appliquée dans le désordre, ce qui ne donne pas le résultat escompté et provoque des réactions de rejet (« l’ordinateur i marche pas, maitresse ») ; la touche utilisée n’est pas la bonne. Certains enfants laissent « tout tomber » et il faut les remotiver constamment. Et que dire du brouhaha provoqué par les réussites ou les échecs !
Ce n’était pourtant pas la première fois que la plupart d’entre eux utilisaient un logiciel ou un PC portable. Nous avons pensé que le type de regroupement choisi était en cause, puisque les CE1, en individuel, n’avaient pas eu les mêmes difficultés. Aussi, lorsque nous avons utilisé à nouveau les portables, nous avons fait le choix d’attribuer un ordinateur à chaque élève, sans grande efficacité.

Les pièges des consignes du traitement de texte

Nous avons choisi de travailler une dictée de contrôle par le biais du traitement de texte. Les enfants, déjà familiarisés avec l’outil (en particulier la signification du soulignage en rouge et en vert,) ne devaient pas, à notre sens, rencontrer d’écueils particuliers. De plus, la dictée ne demande pas de mise en page particulière, ce qui permet à un néophyte de ne pas se tromper ou s’égarer dans le dédale des touches et barres d’outils. Ce ne furent pourtant pas — et ce ne sont toujours pas — des séances de tout repos pour l’enseignant… Quelques difficultés rencontrées :
– La signification du soulignage du logiciel est moins évidente qu’il n’y parait au premier abord : ainsi lorsqu’il indique un espace de trop, l’enfant cherche en vain l’erreur orthographique.
– À l’inverse, certaines erreurs orthographiques ne sont pas signalées : « l’ordinateur il a pas vu la faute, maitresse ! »
– Une erreur d’appréciation avec le curseur et toute la page disparait « i m’a tout effacé ; ça s’est tout enlevé et j’ai rien fait pourtant ! »
– Concentrés sur la consigne informatique, certains ne font plus attention au texte qu’ils écrivent : toutes les consignes d’attention, tous les conseils ne sont plus intégrés et le nombre d’erreurs s’en ressent à la hausse.

Indispensable de maitriser d’abord l’outil

Nous avons tenté d’analyser avec les enfants leurs différentes réactions. Certains disent être peu familiarisés avec l’utilisation du portable. D’autres ont du mal à se mettre au rythme du logiciel, il est « trop rapide pour frapper ». Les plus nombreux ont des difficultés avec la version utilisée pour le traitement de texte, les icônes ne leur sont pas familières et ils se concentrent sur l’utilisation de l’ordinateur au lieu de se consacrer à l’exercice lui-même.
Faut-il pour cela travailler « à vide » sur l’outil informatique ? En accord avec les enfants, nous avons décidé de nous entrainer d’abord avec des exercices moins stressants que la dictée, limitant ainsi la surcharge cognitive et ipso facto le brouhaha. Peu à peu, ils ont assimilé les procédures de mise en route des logiciels. C’est seulement après cette épate que la classe a pu fonctionner en autonomie, que nous avons pu aborder et reprendre des notions correspondant à des compétences complexes ou mal maitrisées sans risquer la surcharge cognitive liée à l’utilisation des portables.

Pascale Verdier, professeure des écoles à Besse (Puy-de-Dôme).