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Un pas en avant pour le collège : ne faisons pas la fine bouche !

La ministre vient de présenter ses propositions pour une transformation du collège. Il ne s’agit nullement de la « fin du collège unique » comme le titrait curieusement un grand quotidien du soir, mais, espérons-le, un pas en avant dans la disparition d’un collège « uniforme », calqué sur le lycée traditionnel, avec ses découpages disciplinaires devenus des barrières et un manque évident de variété des pratiques pédagogiques.

Plusieurs points paraissent positifs dans ce qui a été annoncé :

  • la référence claire au socle commun, articulé à de nouveaux programmes conçus par cycles et dans un esprit de coopération des disciplines pour ce que nous en savons ;
  • l’existence de ces « enseignements pratiques interdisciplinaires » qui vont permettre de faire renaitre l’esprit de toutes ces innovations comme les itinéraires de découverte qui ont été des expériences riches pour les élèves comme pour les professeurs, et qui laissent beaucoup de marges de manœuvre et incitent à la créativité et à l’imagination pédagogique ;
  • l’autonomie qui est laissée aux équipes pour s’organiser et monter des projets qui ne seront pas marginaux si, comme l’affirme la ministre, il y a une véritable évaluation « qui compte » ;
  • le fait de mettre à l’ordre du jour la lutte contre « l’ennui » et de réhabiliter le « plaisir d’apprendre » qui est une réponse à l’échec et au manque de confiance des élèves ;
    la fin, qui demande à être confirmée, de la multiplication d’options rares et autres dispositifs ségrégatifs (classes bilangues, etc.) ;
  • l’annonce d’une refonte du Brevet, mais qui reste encore à préciser, et ce sera un point majeur d’affrontement avec les conservatismes.

Restent des zones d’ombre, des insuffisances, des ambiguïtés. Le dossier publié sur le site du ministère, bizarrement, met à part le français, les mathématiques et l’histoire qui ont l’air d’être considérés comme des « fondamentaux » plus que les autres disciplines. On espère qu’il s’agit là davantage d’un effet de com’ que d’une réalité, alors même que les programmes mettent en avant l’égale dignité de toutes les approches et vont intégrer comme essentielles l’éducation aux médias et à l’information ou la « vie scolaire » dans le parcours citoyen.

L’existence d’ « enseignements pratiques » peut être un levier, doit être un levier pour modifier aussi l’enseignement en général. Ce qui est toujours à craindre, c’est qu’ils soient un alibi pour rester à un enseignement abstrait et magistral dans le reste du temps scolaire. C’est bien pourquoi il faudra accompagner les équipes dans le sens d’une évolution des pratiques. L’ennui devra se combattre dans tous les cours ! L’important, nous dit le document, c’est bien plus ce que les élèves acquièrent que ce que les professeurs enseignent. Comment ne pas être d’accord ?

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