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Pourquoi des bénévoles s’engagent-ils dans des associations aujourd’hui ?

Quand on les interroge, les bénévoles mettent toujours en avant, dans les raisons qui les ont poussés à s’engager, le désir d’être utiles, en le formulant souvent dans le registre de l’élan, de la volonté. On a alors l’impression que ces envies d’agir sont le résultat d’un choix individuel, personnel, celui d’un souci des autres et du monde. À l’extrême, le registre de la vocation est utilisé, comme si une force poussait les individus, les attirait, les appelait à s’engager.

La pratique bénévole est toujours le produit d’un ajustement entre une histoire personnelle, une trajectoire familiale qui lui ont permis de se fabriquer des dispositions à s’engager, et le cadre associatif dans laquelle elle se déroule. L’engagement ne peut en effet tenir sur la seule volonté individuelle. Mais cet élan vers les autres est également en lien avec des contextes socioéconomiques, historiques et politiques précis.

Et qu’est-ce qui va alors pousser à rester dans une association, avec un engagement au long cours ?

sandrine_nicourd.jpgTout ce qui entretient l’élan : le cadre organisé, les leadeurs et les adhérents qui valorisent les parcours individuels, saisissent les attentes identitaires des bénévoles, utilisent les compétences et montrent une reconnaissance. Les liens sociaux associatifs sont donc fondamentaux : ils permettent le développement de connaissances, d’une expertise qui contribuent à donner du sens aux engagements. En suivant Norbert Elias, il est impossible de penser le collectif sans l’individu, et inversement. Les personnes qui s’engagent aujourd’hui ne peuvent le faire que dans des collectifs en mesure de les reconnaitre.

Et au contraire, qu’est-ce qui fragilise les organisations associatives ?

On peut dire : le fait que les acteurs associatifs soient fortement sollicités par des exigences gestionnaires et règlementaires, imposées par les pouvoirs publics et les bailleurs de fonds. Le contexte socioéconomique impose en effet des réductions budgétaires au moment où les demandes sont plus nombreuses. Pris entre ces différentes exigences, les acteurs associatifs ne peuvent pas toujours reconnaitre et entretenir le travail bénévole. Le risque est de se concentrer sur les moyens et pas toujours sur les fins, sur le sens du projet associatif.