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Revue de presse du mardi 29 septembre 2020

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La revue d’aujourd’hui continue à seriner les mêmes problèmes réels ou marronniers de l’école, dont le deuxième sert pas mal à masquer le premier et le 3è, je vous renvoie au sous-titre pour comprendre… Comme un air de manifestation ?


Covid toujours

Un article réservé aux abonnés dans les Dernières nouvelles d’Alsace concernant l’impréparation de l’Éducation nationale Lors d’un point presse de rentrée, le SE-Unsa a décrit le mal-être observé parmi les personnels de l’Éducation nationale. Il a notamment lancé une alerte sociale dans le Bas-Rhin, liée aux difficultés de la prise en charge des élèves handicapés.»

Gurvan Le Guellec dans l’Obs analyse les résultats de la France face à la situation du« Covid à l’école : la France a-t-elle fait mieux ou moins bien que ses voisins étrangers ?
Comment a réagi le système scolaire français face à la pandémie, en comparaison avec les autres pays ? Nous avons posé la question aux analystes de l’OCDE. Les résultats laissent songeurs.
»
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le dessin de Fabien Crégut
Lors de son intervention dans Audition publique sur Public Sénat, Frédérique Vidal a expliqué qu’à l’université «Rien ne dit que les contaminations se fassent au sein des établissements[…] Les images d’amphithéâtres surchargés et de salles de cours bondées inquiètent les étudiants, à l’heure de la rentrée universitaire. D’autant plus que les données récentes de Santé publique France laissent apparaître que les écoles et les universités sont devenues les principaux lieux où des foyers de contamination à la Covid-19 ont été identifiés, devant les entreprises. Invitée de l’émission Audition publique, sur les chaînes parlementaires, en partenariat avec Le Figaro Live, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, a affirmé que la recrudescence des cas s’expliquait par des rassemblements en dehors du cadre pédagogique.»

Dans le Monde, une tribune concernant l’université «il faut « profiter de la crise sanitaire que nous traversons pour (re)penser la formation »
“La formation à distance s’est imposée avec une grande brutalité, à l’occasion d’une situation sanitaire exceptionnelle, comme un substitut à l’enseignement présentiel, alors même que l’immense majorité des enseignants et des étudiants n’avaient auparavant ni la volonté, ni les besoins, ni les moyens de l’utiliser, constate un collectif d’universitaires.
» réservé abonnés

qui répond en partie à ce témoignage de Muriel Conroy, professeure de français à Charenton-le-Pont dans Le Monde encore «Avec le masque, le cours est devenu une autoroute à une voix à sens unique. Depuis quatre semaines, la reprise n’est pas celle dont nous avions rêvé.» Réservé abonnés

En Inde, les écoles sont fermées depuis six mois… pas pour tous comme le présente cet article du Monde malheureusement réservé aux abonnés : «Les écoles publiques et privées ont mis en place des cours en ligne, inaccessibles aux enfants pauvres, privés d’équipement.» […] « Avant l’épidémie, les enfants allaient dans une école publique à environ un kilomètre d’ici, et le centre leur apportait une aide pour leurs devoirs. Mais l’établissement a fermé. Désormais, nous sommes leur seul lien avec la scolarité, car les parents sont trop pauvres pour permettre à leurs enfants de suivre les cours en ligne. Le réseau de téléphonie n’est pas très bon ici et il n’y a pas d’électricité, en dehors de quelques panneaux solaires. »

En France, ce n’est pas uniquement l’épidémie qui provoque les inégalités scolaires :
«Egalité des chances : « Les inégalités éducatives territoriales ne sont pas uniquement celles que l’on croit »» Une tribune dans Le Monde (réservée abonnés) de Pierre Champollion, chercheur en sciences de l’éducation et de la formation, Patrice Caro, chercheur en géographie humaine, et Angela Barthes, chercheuse en sciences de l’éducation et de la formation
«A la suite des annonces de l’exécutif pour promouvoir l’égalité des chances en élargissant les « cordées de la réussite », les chercheurs Pierre Champollion, Patrice Caro et Angela Barthes rappellent le poids des représentations des élèves venus de zones rurales.»


Tenue toujours

Quoi de mieux qu’une polémique cyclique et bien sexiste pour masquer les vrais problèmes ? Rien !

Dans Marianne, un sondage IFOP bien répugnant «« No bra » rejeté, « crop top » qui divise, débardeurs acceptés : l’avis contrasté des Français sur la tenue des lycéennes»
«Personne n’a vraiment compris ce que le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer entendait lorsqu’il a encouragé les lycéennes à s’habiller « de façon républicaine » en allant en cours. Mais la question passionne et divise : en marge de la rentrée scolaire, et alors que l’été a été marqué par une série de polémiques où des femmes se sont vues refuser l’entrée de lieux publics (supermarché, musée) en raison de leur décolleté, des jeunes se sont mobilisées pour dénoncer les règles vestimentaires de leurs établissements scolaires, jugées trop strictes et sexistes. »
Pour la totalité du sondage et son analyse, voir le site de l’IFOP

Autre son de cloche dans Le Monde, par Catherine Ambeau, une enseignante qui pense que «Le système éducatif doit permettre aux jeunes de s’affranchir des représentations sexistes». «L’enseignante en lycée professionnel Catherine Ambeau regrette les remontrances subies par des adolescentes à cause de leurs tenues vestimentaires. Selon elle, cette polémique renvoie à la question de la visibilité du corps des filles à l’école et à la tradition patriarcale du contrôle de l’apparence.»

Hier, l’émission de Louise Tourret, Être et savoir, sur France culture revenait sur ce sujet : à écouter ici

Séverin Graveleau dans Le Monde a écouté la chercheuse en sciences de l’éducation Anne Dizerbo (réservé abonnés) à ce sujet, et son constat est sans appel : «L’institution cherche depuis toujours à disciplinariser le corps des élèves
»
«Les débats sur ce qu’il convient ou non de porter à l’école sont très anciens. Ils ont pris cette fois-ci la forme nouvelle d’une dénonciation du sexisme perçue par des jeunes filles dans les règlements de leurs établissements mais, sans nier son existence, on peut émettre l’hypothèse que c’est une autre façon de remettre en cause les normes édictées par l’école.
Ces débats récurrents interrogent le rapport que l’école entretient ou non avec l’extérieur, ses débats, avec la « vraie vie », dans la construction identitaire des élèves. Il questionne ainsi les finalités de l’institution scolaire et les équilibres à trouver entre une école comme simple lieu d’instruction, formation de main-d’œuvre, ciment de la nation, mais aussi d’émancipation, d’épanouissement personnel, etc.
»

Principal en varech publie sur son blog «Et si on venait à l’uniforme en milieu scolaire ? (et pourquoi non ?)»
«On lance un tweet, on fait le buzz, on invente un #J’emmerdeLesVieux #JefaisCeQueJeVeux, ça s’étripe joyeusement sur des avis profonds comme « c’était mieux avant, on avait le respect des anciens » et « Ok boomer », et puis le débat s’étiole et on passe à la polémique suivante.
Ça ressemble à ces bastons d’Asterix, à ces batailles rangées de la guerre des boutons, où finalement on ne sait plus bien pourquoi on se bat (et franchement on s’en fout un peu).
Et pourtant, ce débat sur la tenue des élèves, sur ce qui est normal ou non, républicain ou non, respectueux ou non, ce débat-là est passionnant et mériterait qu’on s’y attarde un peu.
Je vais donc m’y attarder, parce que j’ai envie et que finalement j’utilise ce blog comme bon me semble.
Mais je vais m’attarder dessus avec une focale particulière qui est celle de l’éducateur en milieu scolaire. Il ne s’agira pas de donner mon avis de père de famille, ni de celui du citoyen qui croise les élèves concernés, mais uniquement du point de vue éducatif en milieu scolaire (donc).
Que les choses soient claires : je suis, et cela m’est venu assez tardivement, partisan d’une permissivité vestimentaire que certains pourraient qualifier d’excessive.
En milieu scolaire, donc.
» Lisez la suite…


Budget jamais

France Inter publie un chapô en apparence moins alarmant que d’habitude sur ce budget : «Le gouvernement a présenté ce lundi son projet de loi de finances pour 2021. Pour le premier poste de dépenses de l’État, à savoir l’éducation, la priorité est affichée sur le premier degré, qui va voir des créations de postes supplémentaires. Inversement, collèges et lycées voient leurs postes réduits. »
Pourtant «Mais c’est un peu comme soustraire des choux à des carottes : on ne peut pas comparer un emploi à son équivalent en heure supplémentaire. Les professeurs font déjà des heures sup et peuvent difficilement en absorber davantage : par exemple, en 2019, le ministère avait déjà augmenté le nombre d’heures supplémentaires… mais un tiers seulement avait pu être assurées. »

Dans Les Échos on s’intéresse aux augmentations «Budget 2021 : premières marches de revalorisation des enseignants et des chercheurs» et ça coince car «les modalités de mise en oeuvre inquiètent les syndicats. La hausse doit concerner en priorité les professeurs en début de carrière. « Les enseignants concernés verront leur augmentation de salaire à partir du mois de janvier prochain », a assuré Jean-Michel Blanquer. Tous les échelons ne seront pas éligibles à la hausse.»

Certains observateurs de presse considère que les situations des budgets de l’Éducation nationale et de l’ESR sont mitigées, la plupart considèrent qu’ils sont parmi les grands perdants voir dans L’Obs, Europe1, le Café pédagogique

Pourtant, Séverin Graveleau du Monde a rencontré une professeure reconvertie «Alors que le manque d’attractivité du professorat et sa nécessaire revalorisation font régulièrement l’actualité, de plus en plus de salariés ou demandeurs d’emploi décident, sur le tard, de se reconvertir dans l’enseignement.» réservé abonnés
«« J’ai quitté mon métier pour devenir enseignante. J’étais ingénieure, bien payée, je naviguais de CDD en CDD, raconte cette professeure des écoles dans le Haut-Rhin, 36 ans, titulaire de deux masters. J’ai décroché le concours en candidat libre. Depuis, je bosse plus qu’avant, mais je suis heureuse. Les élèves sont fabuleux et épuisants, le métier imprévisible et passionnant. » Elle a attaqué au début du mois de septembre sa troisième rentrée scolaire.»


En bref

Dans ZDnet :« Logiciel libre à l’Education nationale: une question, une non-réponse et des éléments
Open Source : Quand une députée interroge sur la place faite au logiciel libre dans l’Education nationale, elle reçoit une réponse du plus beau flou. Dommage, car il y avait à dire.
»

Serge Denis, professeur émérite en sciences politiques à l’université d’Ottawa, analyse les propositions républicaines américaines sur l’éducation dans La Presse : «Jeudi 27 août 2020, 22 h 30, le président Donald J. Trump vient de terminer son discours d’acceptation de sa re-nomination du Parti républicain à la présidence. Étrangeté tout de suite notée : le président n’a pas cru bon d’exposer avec ce discours, non plus que durant la convention de son parti, une plateforme électorale. Ce qui ne signifie cependant pas l’absence d’objectifs spécifiques à sa campagne, outre sa propre réélection. Et certains de ces objectifs menacent très significativement le rôle du service public en éducation.»

Sur le site des Cahiers pédagogiques, Jean-Marie De Ketele, professeur émérite de l’Université catholique de Louvain en sciences de l’éducation parie sur l’intelligence collective
«Avec humour, Coluche disait : « Il faut mettre d’urgence un frein à l’immobilisme ». Un des experts internationaux de l’éducation les plus réputés, nous livre quelques propositions pour y arriver dans le système éducatif. On commence par le pari de l’intelligence collective.»

Emilie Kochert

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Sur la librairie des Cahiers Pédagogiques

N° 563 : Actualité de la métacognition
septembre-octobre 2020
Dossier coordonné par Marc Romainville t Jacques Crinon
À quelles conditions la connaissance de sa propre pensée peut-elle aider à mieux apprendre ? Quelle place pour les émotions, la confiance en soi, les stéréotypes ? Le point sur les nouvelles approches métacognitives.
N° 562 :Profs, exécutants ou concepteurs
Dossier coordonné par SABINE COSTE ET NICOLE PRIOU
n° 562 juin 2020
Comment les enseignants, individuellement et collectivement, interprètent-ils des textes officiels apparemment intrusifs de manière à stimuler leur créativité ? Comment s’approprient-ils des situations matérielles, organisationnelles, sociales fortement contraignantes ?
Construire ensemble l’école d’après
Sylvain Connac – Jean-Charles Léon – Jean-Michel Zakhartchouk
Edtions ESF – Prix 18,00 €
L’école « d’après », un vain slogan, un conte de fées pour ceux qui penseraient que, aux lendemains de la crise sanitaire, une autre école va naître, plus juste, plus en prises avec le monde ? Ce livre, coordonné par des pédagogues engagés, et fruit d’un travail collectif avec le réseau du CRAP-Cahiers pédagogiques, contient de nombreuses propositions pour passer du slogan à la mise en œuvre : comment utiliser à bon escient les outils du numérique, comment modifier programmes et pratiques pour penser le monde actuel (parcours santé, esprit critique…), comment intégrer le respect de l’environnement dans le quotidien de l’école, comment prendre mieux en compte les familles, comment au quotidien, lutter contre les inégalités.