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Rencontres connectées, rencontres en réel, une circulation fluide

Je suis chef d’établissement de l’école Le Christ-Roi, à Tours, qui compte quatorze classes, rattachée à un collège, répartie en plusieurs bâtiments comprenant une école maternelle, une élémentaire et un pôle administratif. Le personnel est composé d’une trentaine de personnes.

Le temps scolaire est le même pour tous, mais les récréations, les heures d’arrivée et de départ sont décalées. Les facteurs sont multiples, en particulier pour le chef d’établissement, pour ne rencontrer personne au cours de la journée. Il y a bien des temps de concertation, des réunions, des salles des personnels, des cours de récré, mais cela ne suffit pas.

« Oui, mais tu es déchargé », me dit-on souvent. La décharge de classe ne me permet pas d’être présent auprès des enseignants, des parents et des élèves autant que de besoin ou que je le souhaiterais. Cela représente bien trop de personnes ! S’il y a une décharge, c’est qu’il y a bien une raison à cela. Elle devrait d’ailleurs s’étendre plus largement (à ceux qui n’en ont pas), au vu des responsabilités grandissantes qui nous sont confiées.

Le chef d’établissement est à la fois le pompier dans l’urgence et l’agriculteur dans la durée. Son travail se vit dans un maillage d’interconnexions pas toujours visibles. Comme je l’indique sur la porte du bureau, la réalité d’un chef d’établissement est bien souvent celle-ci : « Le directeur est passé par ici. Il repassera par là. »

Alors, comment rester connecté avec sa communauté éducative ?
J’ai choisi deux outils facilitateurs : un domaine Google Éducation pour collaborer et communiquer. Parmi les nombreux outils proposés, nous utilisons GDoc, GSheet, GSlides, Agenda. Ils nous permettent de travailler sur des documents de façon synchrone et asynchrone en amont, pendant et en aval d’une réunion ; le réseau social Whaller pour gérer le quotidien. Les sphères Whaller sont des espaces de conversation, toutes privatives et strictement étanches les unes des autres. Donc c’est un réseau social privatif.

Être prêt pour être à l’écoute

Et tant bien que mal, je passe chaque matin dans les classes, juste avant l’entrée des élèves, ou sur la cour pour saluer chaque personne. Même chose le soir, je suis au portail ou sur la cour, afin de me rendre disponible pour chacun.

Mais cela ne suffit pas. Alors une idée nous passe par la tête, un problème arrive subrepticement, une anecdote à raconter, un projet à organiser et hop !, un Whaller ! Chacun en prend connaissance à son rythme. Il y répond librement. C’est en somme une annexe du tableau de la salle des personnels qui est bien trop petit, sa consultation est limitée au temps de présence et on peut difficilement en garder trace dans la durée.

Nous l’utilisons aussi pour tout ce qui est administration. Cela nous permet de suivre des dossiers délicats, entre autres.

Le temps de conseil de cycle est bien souvent trop court pour parler de chaque élève. Alors, travailler sur un document partagé permet de préparer, synthétiser le fruit d’une réunion. Pour les conseils de cycle, avant la réunion, chacun prépare les informations nécessaires pour le suivi des élèves. Au moment de la réunion, l’équipe a accès à ces infos et nous pouvons travailler plus efficacement. Après la réunion, chacun a accès aux infos de façon sécurisée. Ce n’est donc pas un simple échange d’informations entre l’enseignant et le directeur, mais un travail plus horizontal pendant lequel chacun peut échanger.

Cette gestion virtuelle de l’école me sert aussi de pense-bête. Il m’arrive parfois de manquer de temps pour évoquer un sujet avec une enseignante. Je le partage sur Whaller et on peut en reparler par la suite en présentiel. Et j’utilise le réseau Whaller pour partager des vidéos afin d’inspirer, de faire réfléchir, etc. Je m’appuie sur les vidéos TED, sur celles de la chaine SynLab ou celles d’Éducation Québec, mais il y en a beaucoup d’autres.

Et comme rien ne peut remplacer le contact direct pour, entre autres, partager une culture commune, j’ai mis en place le « livre voyageur ». C’est simple, vous déposez dans un casier de professeur un livre (pédagogique), avec pour consigne de le déposer dans un autre casier après l’avoir lu. Un marque-page permet de savoir qui a déjà lu le livre. Ensuite on peut, lors des réunions, en discuter.

François Jourdain
Chef d’établissement, référent numérique et formateur occasionnel à Tours