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Redistribuer le pouvoir

« Retrouver la capacité d’agir » : telle était la visée annoncée de votre Université européenne de l’engagement qui s’est tenue fin aout à Lyon. Pourquoi ce thème ? La jeunesse actuelle vous semble avoir perdu sa capacité d’agir ?

Le titre de l’UE ne renvoyait pas directement aux jeunes et à leur capacité d’action (le public présent étant d’ores et déjà « en action »), mais était plutôt une invitation à réfléchir aux postures que, les uns et les autres, nous adoptons quand nous menons une action de solidarité en direction de populations en difficulté.
Un élément essentiel de nos travaux a porté sur la manière dont les publics les plus en difficulté doivent pouvoir gagner du « pouvoir » ; comment cesser de les regarder uniquement comme des bénéficiaires et en faire des acteurs ? Comment (re)donner du pouvoir à des pans entiers de population qui en sont cruellement dépourvus ? Du pouvoir au sens large : la capacité d’expression, la capacité à participer au débat public, la capacité à s’organiser.

Ces trois jours de travaux vous ont-ils  permis – au travers des apports d’experts et des propositions des participants – de dégager de bonnes raisons d’agir et des moyens pour le faire ?

Absolument ! Les interventions issues du terrain ont été nombreuses et ont témoigné du foisonnement d’idées et de volontés. Des jeunes qui ont participé aux révolutions en Tunisie et en Égypte ont témoigné, quant à eux, de leur espoir en un autre monde. En ce sens, ce fut une belle leçon pour nous tous.
L’intervention de Jacques Donzelot a été très éclairante quant aux moyens. Il montre bien que des corps collectifs institués permettent aux individus de puiser de la ressource, de défendre une parole collective, de porter des revendications. En ce sens, c’est dans la dialectique entre intervention personnalisée au plus près des besoins de l’individu et accompagnement de collectifs que la réflexion doit s’orienter.

Dans un document en ligne, Christophe Paris et vous-même insistez sur la méthodologie participative qui vous a tenu à cœur pour l’organisation de cette université d’été. Expliquez-nous un peu ce que vous avez voulu.

Cette université d’été a fait une large place à la notion d’« empowerment », terme qui désigne la capacité à redistribuer le pouvoir par une approche qui laisse de la place à chacun, lui permettant d’agir. À ces fins, nous avons formé à l’animation participative les salariés et volontaires engagés sur le projet, ils ont été en responsabilité sur le montage d’un certain nombre de modules.
J’ai été confortée dans l’idée que les questions de concertation et de démocratie locale constituent un enjeu majeur de nos politiques publiques. Et les débats sur l’empowerment émergent naturellement sur la scène politique ; ce sera, je crois, tout l’enjeu de l’université d’été de l’an prochain.

Propos recueillis par Nicole Priou