Les Cahiers pédagogiques sont une revue associative qui vit de ses abonnements et ventes au numéro.
Pensez à vous abonner sur notre librairie en ligne, c’est grâce à cela que nous tenons bon !
,

Rase campagne

Plus on avance dans cette campagne électorale, plus on a le sentiment d’avoir touché le fond, mais plus certains politiciens s’évertuent à creuser pour aller encore plus profond. Il ne semble même pas qu’il y ait campagne, puisqu’elle se passe sans débat d’idées ni même parfois de projet. Il y aurait, parait-il, des « pédagogues prétentieux » et « arrogants » qui formeraient une caste. Ces temps-ci, on entend plutôt des politiques arrogants et prétentieux, fonctionnant comme une caste supérieure et privilégiée, au point de ne pas voir l’inadmissible de leur comportement et de leurs propos.

Ce sont parfois les mêmes qui, après les attentats de janvier 2015, avaient crié haut et fort au scandale face au refus par certains jeunes de la minute de silence en hommage aux victimes. Les mêmes qui réclamaient une transmission des valeurs de la République à l’école. Quelles sont-elles, déjà, ces valeurs de la République à enseigner ? L’égalité devant la loi ? La fraternité ? Le respect des institutions ? Le respect de la parole donnée ? Quand des candidats à la « fonction suprême » méprisent à ce point les juges, affichent leur certitude d’être au-dessus de lois valables seulement pour le commun des mortels, dont ils estiment ne pas être ? Comment les enseignants et les parents pourront-ils construire l’éducation morale et civique d’enfants à qui l’on donne un tel spectacle tous les soirs au « 20 heures » ?

Les adultes, à fortiori ceux qui recherchent la lumière et la publicité des hautes fonctions et des médias, n’ont-ils pas un devoir d’exemplarité vis-à-vis des enfants qu’ils prétendent éduquer ? Hélas, ce qu’on nous donne à voir, ce sont des comportements pathétiques, qui ne font que renforcer la conviction de beaucoup de nos concitoyens qu’il existe une justice à géométrie variable, différente pour les cols blancs et pour les cols bleus.

Reste que l’on peut quand même se réjouir de ce que la période est fertile en cas d’école à analyser dans le cadre de l’ÉMI. Peut-être, au fond, devrions-nous les remercier, ces auteurs de fake news, qui fournissent une si abondante matière aux enseignants ? Parce que, nous non plus, nous ne renoncerons pas !

Cécile Blanchard