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Que fait une professeure d’anglais en maternelle ?

Intervenir en école maternelle, dans le cadre de mes missions de professeur référent, alors que je suis professeur d’anglais en collège, fut un choix personnel que je n’ai jamais regretté. Les trois écoles maternelles du réseau avaient toujours été associées aux missions des professeurs référents et malgré le changement de cap dû au départ de deux professeurs des écoles sur les trois d’origine, il était clair que nous devions maintenir cette association. J’organisais donc mes interventions dans les trois écoles, sur des périodes de neuf semaines à raison d’une demi-journée par semaine la première année, puis de deux l’année suivante.

La difficulté principale fut de construire des projets qui répondraient aux besoins des élèves et dans lesquels je pourrais apporter une expertise de professionnel. Chaque école avait son projet propre, chaque équipe enseignante faisant part de ses besoins spécifiques. Néanmoins, les divers projets avaient bien sûr comme priorité d’aider les enfants à mieux se préparer à leur entrée en CP. En outre, l’accent était principalement mis sur la langue orale.

Il ne fut pas toujours facile d’adapter mes interventions à un « public » d’enfants de 5 ans. Et la première année, faire le grand écart entre collégiens et élèves de grande section fut parfois périlleux. Néanmoins, cela me permit de poursuivre ce questionnement sur mes pratiques pédagogiques qui avait motivé ma candidature au poste de professeur référent. Les solutions que j’ai pu trouver pour répondre à des besoins d’enfants petits ont modifié mes pratiques de professeur d’anglais. Le travail phonologique indispensable dans l’enseignement de cette langue vivante s’est enrichi de gestes que je faisais auprès des jeunes enfants lorsque je tentais, par exemple, de leur faire prendre conscience de la notion de syllabe. Associer le corps en mouvement à la parole, pratique naturelle chez les plus jeunes, me permit d’aider certains collégiens à prendre conscience des sons, des accents de mots, de phrase.

Néanmoins, bonne volonté, enthousiasme et envie de bien faire ne sont pas toujours suffisants. Nous souhaitions impulser une certaine harmonisation au sein des écoles du réseau pour évaluer plus finement la pertinence de nos travaux. Les projets se construisaient souvent en fonction des envies des enseignantes ; nous avions besoin d’évoluer dans un cadre peut-être plus rationnel, avec des objectifs précis. Nous n’avons certainement pas toujours su nous faire comprendre et entendre. Nous avons traversé une période de tensions qui nous a permis de mettre à plat les besoins des écoles et de faire des propositions d’interventions pour y répondre. Après une année sans intervention dans les écoles maternelles, trois professeurs référents du réseau y retourneront l’an prochain. Cette solution nous permettra d’intervenir en fin d’année uniquement, lorsque des remédiations suite à des évaluations d’Apprentis lecteurs, peuvent être mises en place. Comme quoi les crises peuvent être parfois bénéfiques.

Nathalie Laget