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Puisqu’on vous dit qu’il y a pas de recette !

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Vous connaissez la recette du cake d’amour ? Non. Bon, d’accord. Peau d’âne avec Catherine Deneuve, c’est pas dans la culture de tout le monde. C’est pas dans la mienne non plus, remarquez, mais comme écrire pour les Cahiers péda, c’est un peu le goulag (faire un billet sans vidéo, c’est un peu faire un cours sans documents), ben je vais tenter de porter ma croix.

Bon, la dinde de Peau d’âne, elle doit faire un gâteau pour le prince de Lu (je suis certain qu’ils s’en sont inspirés). Et qu’est-ce qu’elle nous fait pas ? Elle ouvre son livre et suit scrupuleusement la recette, sur fond de musique et de paroles bien niaises. Voilà, Peau d’âne aurait été une mauvaise prof. Bon, oui, on va en arriver au sujet qui nous intéresse tous (enfin, si vous lisez ça, c’est que ça doit, ou alors vous êtes pédago au Figaro).

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Pour beaucoup, on est passés par l’IUFM et on a appris plein de trucs de pédagos. Moi, perso, ça me soulait sérieusement qu’on m’apprenne à faire mon métier avec des recettes toutes faites, et pour certaines pas toutes jeunes. Que fallait-il pour réussir la recette du bon cours ? Si j’avais eu le droit, je l’aurais chanté : « Dans une gamelle, versez une pointe de Freinet, puis deux verres de Montessori, puis une pincée de Meirieu. Touillez le tout dans un bol constructiviste et hop ! Vous avez le cours idéal. » Essayez cette recette, je vous garantis la gastro pédagogique ! Bon, ça me pesait, mais c’est parce qu’entre lire un pédagogue quelconque et le dernier volume du Trône de fer, j’ai vite choisi. Rien à voir avec le contenu, juste avec mon temps personnel. Alors comment réussir un cours quand on a la rame de lire des longs trucs pénibles ?

Vous savez ce qu’elle fait, Peau d’âne ? Ben elle colle une bague dans le cake pour être sure de le réussir ! Parce qu’en vrai, elle doit être naze en cuisine. Et dans un cours, est-ce qu’on a aussi une recette miracle ? Une solution, avec un seul ingrédient, dans un seul bol ? Essayons plutôt ça. Prenons un récipient classe avec des élèves et cherchons les bijoux qui nous conviennent. Un peu de ci et un peu moins de ça. Versons tout ce qu’on veut de bienveillance. Ou ajoutons une pincée d’humour pour épicer la soupe académique, une dose de passion pour ensoleiller le cake. Enlevons tout ce qui s’approche de la lassitude, ça rend le cake gluant. Et puis mettons un peu plus d’ingrédients qu’on trouve dans les cuisines des élèves et peut-être un peu moins des nôtres. Et arrêtons d’être des vieilles pies, bossons plutôt sur notre propre façon de voir ce monde qui n’est plus le nôtre. On n’aurait jamais inventé la pizza sans la tomate, alors acceptons les nouveaux ingrédients. Remuons le tout, attendons quelques minutes et si ça se trouve, ça se passera pas trop mal. Mais si on rate notre cake, ben tant pis, on en refait un, on n’est pas comme cette cruche qui espère un truc improbable avec son gâteau !

Miam (c’est juste pour arriver à 3 500 signes pile).

Ticeman