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Prévenir les violences à l’école

Cet ouvrage collectif d’universitaires de différents pays de la francophonie a le mérite d’envisager les violences à l’école sous un angle interactionnel et non pas sous celui des seules difficultés individuelles des élèves. La violence y est traitée comme plurielle .Y sont abordés des sujets sensibles comme celui du harcèlement entre élèves ou encore celui de la violence institutionnelle. La question du « Que faire ? » occupe une place centrale de l’ouvrage avec une grande créativité de réponses face à la déstabilisation de l’ordre scolaire : mieux former les enseignant pour qu’ils agissent sur le terrain, mettre en place des projets collectifs à l’échelle des établissements qui permettent un engagement fort de chacun, repenser l’autorité éducative et interroger la question de la norme .

Selon Bruno Robbes, ne pas qualifier d’emblée toutes les situations difficiles de violentes permet de mieux cerner les problèmes et d’y faire face : a-t-on à faire à des tensions ou conflits interpersonnels, à manquement à un règlement disciplinaire, à des difficultés à conduire la classe au plan pédagogique ou didactique, à exercer son autorité ? La première prévention réside dans une solide formation didactique et pédagogique de la pratique ordinaire de la classe à laquelle doit s’ajouter une bonne connaissance du contexte. Les formations pertinentes selon Daniel Favre sont celles qui vont amener l’enseignant à s’éloigner de toute pensée dogmatique et lui permettre de modifier ses relations aux autres, de choisir l’affirmation de soi non violente, l’écoute, l’empathie. Il s’agit de construire un mode d’autorité distinct de la domination- soumission et de réduire ainsi la violence éducative qui menace certains élèves déjà fragilisés sur le plan familial et social et enclin à des conduites à risques

Une des pistes, développées dans le chapitre 12 par Claire Beaumont est la mise en place de pratiques coopératives. Là où le personnel scolaire coopère, les élèves développent des attitudes plus positives envers l’école et obtiennent de meilleurs résultats. Impliquer les élèves, développer leurs compétences sociales, mettre en place une politique claire en concertation, connue de tous- parents, enseignants élèves- permet d’améliorer le climat scolaire. Est également mise en avant la qualité de la gouvernance des établissements : un leadership pluriel et la mise en place d’un comité spécifique pour prévenir et gérer les violences sont préférables à une gestion reposant sur une seule personne.

A travers les différentes contributions, en fait, la norme est interrogée. Erik Prairat y apporte un éclairage intéressant dans sa postface « Comprendre la question de la norme »

Un livre donc qui sera utile à tous ceux qui considèrent que les violences à l’école ne sont pas une fatalité mais peuvent être endiguées.

Evelyne Clavier