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Pour une formation des enseignants réellement continue

Déplacer les épreuves d’admissibilité aux concours de recrutement des enseignants à la fin de la première année de master (M1), et l’admission à la fin de la deuxième année (M2). Voilà la mesure-phare de la note sur la formation des personnels de l’Éducation nationale rendue publique par Terra Nova aujourd’hui 10 septembre 2015. Ainsi, on pourrait évaluer les aspirants enseignants devant une classe, en situation professionnelle, et donc rééquilibrer le recrutement vers les compétences professionnelles alors que les savoirs académiques et la culture générale pèsent aujourd’hui beaucoup plus lourd.

Lors de la concertation sur l’avenir de l’école lancée par Vincent Peillon, alors ministre de l’Éducation nationale, à l’été 2012, l’hypothèse de placer le concours à ces mêmes dates avait été défendue par certains participants, notamment pour s’assurer d’une plus longue formation académique et disciplinaire, d’autres privilégiant un concours à l’entrée des ESPE, en fin de troisième année de licence (L3), de façon à ce que tous les futurs enseignants suivent deux années (rémunérées) dans les futures écoles du professorat. Cette option-ci, plus audacieuse, a surement aux yeux de Terra Nova le défaut d’être couteuse, puisque la note met en avant l’économie de 10000 postes d’enseignants qui seraient ainsi économisés.

Troisième concours

Mais d’autres propositions figurent dans cette note qui sont autrement plus audacieuses voire novatrices. Ainsi, celle visant à encourager la diversification des recrutements par le développements de troisièmes concours, destinés aux personnes ayant déjà une expérience professionnelle avant de choisir l’enseignement. Ou la recommandation de faire des ESPE des établissements publics à part entière afin qu’ils bénéficient de la maitrise de leurs propres budget, inscriptions et locaux.

Du côté de la formation continue, pour remédier au bilan « décevant » dressé par la note, il est proposé de créer une structure autonome et paritaire (par exemple une Agence à l’image de celle existant au Royaume-Uni) qui serait chargée de la formation continue.

Obligation de la formation continue

Surtout, la note de Terra Nova défend l’instauration d’un droit et d’une obligation de se former pour les enseignants. Arguant qu’il s’agit d’ « une nécessité qui ne peut être laissée au seul volontariat des individus », le groupe des rédacteurs évoque une double obligation: pour l’Etat à travers l’attribution à chaque enseignant d’un crédit de formation rechargeable; pour les enseignants, « par exemple sous la forme d’une à trois semaines de formation chacune des trois premières années d’exercice puis par période de trois ans ». Et « pour éviter la désorganisation de l’enseignement », la formation continue pourrait se faire « d’une part en dehors du temps de service devant les élèves et de l’autre en mettant en place des dispositifs de remplacement organisés localement pour les formations de courte durée et par les services académiques pour les stages longs ».

La note aborde enfin la question de la formation et du recrutement des personnels de direction, des directeurs d’école (dont il est rappelé qu’il est désormais un métier à part entière) et des inspecteurs. Concernant ces derniers, elle pointe « un recrutement toujours consanguin » et « une formation encore endogame ». Remèdes proposés: aligner les épreuves du concours d’inspecteurs sur celles des personnels de direction et ouvrir jurys et formations à des profils plus diversifiés.

Les débats sont ouverts!

Cécile Blanchard

Les signataires de la note sont: Jean-Pierre Obin, Jean-Louis Auduc, Gilles Langlois, Gérard Phelippeau et Philippe Watrelot (par ailleurs président du CRAP-Cahiers pédagogiques).

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